Yann Perreau et ses amis Les Étoiles à la Place des festivals - Tu joues avec moi?

Cela s’appelait Yann Perreau et ses amis les étoiles et, déjà, le titre était un univers. À tout le moins la promesse du plus gros party dans le cosmos, avec Loco Locass, Samian, Ariane Moffatt, Bernard Adamus et Fred Fortin au programme prévu. Hier soir, la place des Festivals n’a eu qu’à exploser.
Photo: Jacques Grenier - Le Devoir Cela s’appelait Yann Perreau et ses amis les étoiles et, déjà, le titre était un univers. À tout le moins la promesse du plus gros party dans le cosmos, avec Loco Locass, Samian, Ariane Moffatt, Bernard Adamus et Fred Fortin au programme prévu. Hier soir, la place des Festivals n’a eu qu’à exploser.

Son meilleur show à vie? Peut-être que oui, peut-être que non: c'est souvent son meilleur show à vie, je trouve. Le plus extatique, certainement. Il était littéralement fou de joie, Yann Perreau, hier soir devant Jeanne-Mance bondée, se laissant jouissivement submerger par une marée humaine qui devenait océan à l'horizon, tout là-bas vers la Catherine. Il en frétillait, il en twistait, il en bondissait. L'ai-je vu plus incroyablement mobile, plus frénétiquement sautillant? Oui, sans doute, mais pas avec ce sourire d'enfant. «Merci d'être là en grand nombre, wow! En plus il fait beau, praiiiiise the Lord !!!»

Frais mais beau, en effet. Le ciel s'était éclairci pour lui, pas au point de dévoiler des étoiles (elles étaient sur scène, c'était «ses amis Les Étoiles»), mais assez pour que le souvenir d'avoir chanté sous le déluge aux mêmes Francos lui fasse bénir le ciel. Alors il a dansé, dansé, dansé, dansé, dansé, dansé, dansé, dansé, dansé et encore dansé, tant il exultait. Machine à danser, Yann Perreau, le dira-t-on assez? Rave à lui tout seul.

Mais il n'était pas tout seul, justement. Et «ses amis Les Étoiles» n'étaient jamais de simples invités, mais de vrais de vrais copains de jeu, qui profitaient comme lui du grand carré de sable. Ainsi Ariane Moffatt s'est-elle glissée derrière une batterie dans Ma dope à moi, a fait la citation de Patsy Cline à la place de Patsy Cline (le petit bout de Sweet Dreams) et puis s'est avancée pour chanter son Réverbère à elle aux côtés de Yann, déchaînée comme lui. Avec Fred Fortin à son tour à la batterie. Lequel a été chercher jusque sur son premier album La Loi du chocolat et l'a flanquée funky malpropre exprès. Avec Yann à la batterie. Voyez le mouvement?

C'était le jeu du je-joue-avec-toi-si-tu-joues-avec-moi, et Yann a joué jusqu'au bout sa partie de permutations: chacun s'en trouvait totalement intégré au show Perreau, du rappeur algonquin Samian à Loco Locass à Bernard Adamus. Chacun à sa façon, chacun irrémédiablement entraîné dans le groove de Perreau. Les Loco, eux, ont fait irruption (éruption?) alors que montait Le Bruit des bottes, écho des totalitarismes, juste avant d'entonner leur nouvel hymne à la nation et au sport national, Le But. Triomphalement, comme de raison. Adamus, lui, a débarqué en manteau de fourrure directement de Tadoussac et scandé sa Rue Ontario... sur un rythme Motown à la Yann. Dansant, comme le reste. Avec des cuivres immenses, comme le reste. Et des musiciens à la fois économes et puissants, tout le temps.

Je suis parti à ce moment-là pour que ce texte existe à temps, mais il restait à boucler la boucle, à compléter le jeu: si tout s'est passé comme sur le papier remis par le festival, à la fin c'était Fred à la batterie, Adamus à l'acoustique, et Ariane au piano, pour Beau comme on s'aime. Yann a dû bondir de bonheur, et bondir et bondir encore, si haut qu'il a selon toute probabilité touché les étoiles.

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