Québec — Il ne fait peut-être plus courir des hordes de jouvencelles en pâmoison, mais les Sylvie, Lison, Linda, Louise et autres dames en bleu lui restent fidèles depuis un demi-siècle.


Le chanteur de charme Michel Louvain a été honoré hier par l'Assemblée nationale pour ses 52 ans de carrière artistique et son implication sociale auprès des personnes âgées.

Les députés des deux côtés de la Chambre lui ont réservé une longue ovation.

Âgé de 72 ans, M. Louvain a reçu la médaille de l'Assemblée nationale au cours d'une cérémonie tenue au Salon du président, à laquelle ont assisté le premier ministre Jean Charest, quelques ministres et les représentants des partis d'opposition.

«D'être reconnu officiellement par l'État, par les membres de l'Assemblée nationale du Québec, c'est comme une grande et bouleversante consécration qui me touche profondément. C'est le plus beau trophée de ma carrière», a témoigné le chanteur, le trémolo dans la voix.

Puis, la vedette originaire de Thetford Mines a chanté un extrait a capella de son grand succès enregistré en 1976, La Dame en bleu. Le premier ministre, le président de l'Assemblée Yvon Vallières et plusieurs autres parlementaires l'ont accompagné en fredonnant en choeur.

Depuis 1957, Michel Louvain a enregistré plus d'une cinquantaine d'albums. Outre La Dame en bleu, il a interprété des tubes comme Buenas noches mi amor, Un certain sourire, Louise, Lison (Il faut nous séparer), Linda et Sylvie.

À la fin des années 1950, sa popularité avait atteint un tel niveau qu'il lui fallait parfois fuir des fans hystériques.

En 1959, bien avant que la beatlemanie déferle sur l'Amérique, Michel Louvain a dû être évacué par le toit du palais Montcalm de Québec, après un spectacle, tant la foule était survoltée.

«Toutes les issues étaient bloquées par les p'tites filles, a-t-il raconté en riant. Ce soir-là, le chef de police m'a reconduit à l'hôtel et m'a interdit de sortir parce que je suscitais des émeutes, les filles cassaient les vitrines de restaurants quand elles m'apercevaient», a relaté l'idole d'une génération.

La frénésie s'est peu à peu estompée au fil des ans. Au tournant des années 1980, une certaine intelligentsia culturelle l'a étiqueté dans la catégorie des chanteurs kétaines.

Malgré tout, sa popularité ne s'est jamais démentie. «J'en ai vu bien d'autres dans mes 50 ans de carrière. On s'est assez moqué de moi, mais j'ai passé par dessus parce que mon public a toujours été derrière moi. J'ai rempli le Capitole, je suis allé deux fois au Centre Bell, mon public me suit», a-t-il dit.

Michel Louvain a bon pied bon oeil, et continue de donner des spectacles tout en oeuvrant auprès des personnes âgées.