Disques et spectacles - Par la petite fenêtre ou la grande porte

C'est plus que jamais ce à quoi sert le début d'année dans l'industrie fragilisée du disque: s'immiscer, émerger. On le dit chaque année avec plus d'emphase. La tendance devient phénomène. L'empilade de l'automne, la cohue de Noël, ruées vers un or improbable, ont pour conséquence une accalmie d'hiver. Du temps, quoi. Des fenêtres qui s'ouvrent pour les premiers essais ou les deuxiè-mes tentatives de jeunes artistes, entre les sorties attendues par la grande porte.
Certes avons-nous dans le collimateur le prochain Pierre Lapointe, espéré début avril. Décanté de l'expérience Mutantès, avec Dieu sait combien d'autres chansons neuves, cet album-là est événementiel d'office. On a également un oeil sur le Leloup, promis et dédit à l'automne, repoussé fin avril aux dernières nouvelles. Le Labyrinthes de Malajube est célébré d'emblée, même si le nouvel album du groupe phare n'illuminera le monde qu'en février. On se réjouit de l'imminente arrivée de Tu m'intimides, le Mara Tremblay dont la déjà fameuse photo de pochette révèle moins le corps de Mara que l'intensité de son regard. Pareils émois anticipés pour le nouveau Yann Perreau (Un serpent sous les fleurs), le prochain Lhasa, le deuxième Stéphanie Lapointe. Et dans leurs créneaux respectifs, les albums des Carl-Éric Hudon, Ghislain Poirier, Bruno Pelletier, Ginette Reno, Antoine Gratton, Guy-Philippe Wells, Mario Pelchat, Florent Vollant, Martine St-Clair, Térez Montcalm, le disque en anglais des Respectacles seront à tout le moins remarqués.Et puis il y a les autres, plus que nombreux, tous ceux qui tentent le coup pour la première fois ou qui récidivent à la grâce de Dieu: La Patère rose, les groupes Bernadette et Misteur Valaire, Guillaume Arsenault, Steve Marin, Marco et les Torvis, Bataclan, Marie-Ève Côté, Marc-André Fortin, Jason Bajada, Clément Jacques, Sophie Lemaire, Daniel Roa, Chinatown, Éléphantine, et j'en passe et j'en oublie. À eux l'occasion, à eux la chance.
Sur nos rives ils débarquent...
Cela étant, l'accalmie locale n'empêche jamais l'avalanche mondiale, qui ne connaît ni saisons ni répit, en dépit de la crise. De France, selon les aléas de la distribution, nous parviendront ou ne nous parviendront pas les nouveaux encodages des Wampas, Indochine, Serge Lama, Juliette Gréco, Patricia Kaas, Dominique A, Émily Loizeau (un disque intitulé Pays sauvage, dont on pressent le meilleur), Agnès Bihl (Demandez le programme), Olivia Ruiz, La Grande Sophie, Anaïs (The Love Album, son premier en studio), ainsi qu'une compil d'actrices qui chantent (Madame aime...) et les duos de Régine (eh oui!). Pour ne nommer que ceux-là.
Des États et d'ailleurs, marasme ou pas, ça débarquera en masse, et la charge sera menée par Bruce Sprinsgteen et son indéfectible E Street Band (Working on a Dream, disponible dès le 27 janvier), et par U2 (No Line on the Horizon, en mars): on trouvera aussi dans la meute un Eleni Mandell, un PJ Harvey avec John Parrish, un Great Lake Swimmers, un Antony & The Johnsons, deux ou trois Prince, un Morrissey, un Franz Ferdinand, un Diana Krall, un Neko Case, un J.J. Cale, un Lisa Germano, un hommage à Alison Krauss, un Gillian Welch, et peut-être bien, on ne sait trop quand, on ne sait trop dans quel état, une suite au Back to Black d'Amy Winehouse.
Le spectacle, bouée de sauvetage
Plus que jamais itou, l'an neuf (littéralement!) apportera son lot de premières et de tournées: renflouage pour les uns, bouée de sauvetage pour les autres. Rayon premières montréalaises, on ira au National voir et entendre Martin Léon, puis Louise Forestier (accompagnée par El Motor), au Club Soda pour Beast, Alexandre Désilets et Daniel Boucher, au National encore pour L'Expédition des Cowboys fringants, au Monument-National pour les Effusions de Diane Dufresne, au Saint-Denis pour le show country Quand le soleil dit bonjour..., au théâtre L'Olympia pour l'opéra-pop Schéhérazade, au Cabaret du Casino pour Bruno Pelletier, à Maisonneuve pour le spectacle des nouveaux compères Michel Legrand et Mario Pelchat, au Cabaret Juste pour rire pour la revue La Boîte à chansons, mise en scène par Charlebois et réunissant les Calvé, Létourneau et Gauthier. Et avec un peu de chance et la suite d'un sacré travail en réadaptation, on retrouvera le 14 avril au Petit Medley le cher Jamil.
S'ajoute le lot des supplémentaires. Allez consulter les horaires, ça pleut. Pour le plaisir, sûr et certain qu'on profitera du festival Montréal en lumière pour constater à Wilfrid les mutations du Mutantès de Pierre Lapointe, et peut-être même irons-nous à l'Outremont nous repaître à nouveau du spectacle de Catherine Major. Mais non, décidément non, persona non grata que je suis, le Centre Bell vivra en février les derniers soirs de la triomphale tournée Taking Chances de Céline Dion sans bibi.
Et puis il y a la visite, petite et grande. Signe de temps qu'il s'agit de rentabiliser, les Français sillonneront la Belle Province. Et pas des moindres: Tryo, Jane Birkin, Francis Cabrel (avec Catherine Durand en lever de rideau) et l'increvable Charles Aznavour seront tous en tournée chez nous. La saison ne sera pas moins occupée par les anglos de passage: outre l'arrêt du Unleashed: Hits Tour 2009 de Fleetwood Mac au Centre Bell, je vous donne ça en vrac, on aura droit aux méga-bringues des Britney Spears, Michael Bolton, Katy Perry, Il Divo, Diana Krall, etc. À ceux-là, Fleetwood Mac excepté (vieil amour oblige!), j'avoue préférer les plus discrets rendez-vous auxquels nous convient les Tindersticks, Serena Ryder, Eleni Mandell et la Rankin Family. À vos téléchargements, à vos disquaires, à vos billetteries.