Spectacle - Rachelle Jeanty, de la soul avec de la mémoire

Depuis quinze ans, la voix de la chanteuse a gagné en puissance. Photo Qarim Brown
Photo: Depuis quinze ans, la voix de la chanteuse a gagné en puissance. Photo Qarim Brown

Ce soir, elle livrera ses introspections au Kola Note. Elle chante la soul, qu'elle décline de toutes les façons. Et sa trajectoire est hors du commun. Après avoir connu les scènes parallèles, exploré l'intimité du soul jazz, fondé un groupe rock dans la veine du Red Hot Chili Peppers, accompagné les Rude Luck, Éval Manigat et Mario Pelchat, elle sera sollicitée par Céline Dion, qu'elle accompagnera à titre de choriste durant deux ans, avant de s'installer en France jusqu'en 2004, où elle collaborera avec les Véronique Sanson, Johnny Holiday et Dick Rivers.

Mais Rachelle Jeanty a toujours clairement établi une différence entre son rôle de choriste et son parcours de soliste. Montréalaise née à New York de parents haïtiens et arrivée ici à l'âge d'un an et demi, elle s'est alimentée de textes français et de groove black. «J'ai commencé à faire mes créations en écoutant Solaar, Sinclair et De Palmas», se rappelle-t-elle. «Ça rejoignait mes deux univers. Ce n'est pas évident de faire sonner la langue française sur ce genre de musique, faire "bouncer" les mots, trouver la façon de les prononcer. Je me suis attaché à cette approche.»

Après plus de quinze ans dans le milieu, Rachelle Jeanty a enfin lancé D'Âme Soul, son premier disque. Avec les années, la voix a gagné en puissance et peut maintenant trouver des notes plus hautes, tabler sur un plus large registre de nuances et d'émotions. La chanteuse, bien que considérée comme partie intégrante de la néo-soul, explore une gamme beaucoup plus large: old school inspirée de la grande Aretha, néo-soul dans la mouvance des Erykah Badu ou Angie Stone, soul acoustique en affinité avec India.Arie, gospel, r&b, soul teinté de jazz, de pop et même de konpa ou de rara en guise de clin d'oeil à ses sources premières. «Je ne peux pas dire que je fais de la soul pure, mais tout mon répertoire se laisse découvrir sous la couverture de ce genre musical», soutient-elle.

De la soul avec de la mémoire. À preuve, la moitié des recettes du concert de ce soir sera versée à la Fondation du Centre Jeunesse de Montréal pour les enfants de la DPJ, en l'honneur de l'un de ses plus célèbres enfants devenu légende: Boule Noire, regretté soulman national. Rachelle Jeanty vient d'ailleurs de lancer le single Loin, loin dans la ville. «Après voir écouté ma version, Boule Noire est venu poser sa voix dessus, entre deux séances de chimiothérapie. Ce fut le dernier enregistrement de son vivant. Je considère cela comme un héritage et j'en suis très honorée.» À n'en pas douter, la pièce pourrait devenir un succès, pour peu que les stations radiophoniques emboîtent le pas...

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Collaborateur du Devoir

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- Rachelle Jeanty se produit avec, comme invités spéciaux, les membres de Nomadic Massive, ce soir, au Kola Note, à 20h. Renseignements: 514 790-1245

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