Balkan Beat Box - Initiales BBB

Fondé par deux Israéliens de Brooklyn, le groupe Balkan Beat Box est un amalgame de tant de styles que même ses membres peinent à le décrire. Photo: Shaun Janes
Photo: Fondé par deux Israéliens de Brooklyn, le groupe Balkan Beat Box est un amalgame de tant de styles que même ses membres peinent à le décrire. Photo: Shaun Janes

Québec — Les Balkans ne sont peut-être pas la région la plus paisible de la planète, mais pour le Balkan Beat Box, leur musique est le vecteur idéal pour réconcilier toute la planète dans la fête, la danse et la démesure.

Fondé par deux Israéliens de Brooklyn, le groupe est un amalgame de tant de styles que même ses membres peinent à le décrire. «En fait, le nom du groupe est un peu réducteur», concède Ori Kaplan (saxophone et bois), cofondateur du groupe avec Tamir Muskat (DJ, percussions) et ancien membre de Gogol Bordello. «Les gens nous demandent souvent si nous faisons de la musique juive, mais la réponse est non. Il n'y a pas de telles limites à ce que nous faisons.»

Depuis l'Autriche, où il était en tournée au moment de l'entrevue, il ose attaquer les grands mots. Ce serait donc du «New York-urbain-beat-hip-hop teinté des influences des Beastie Boys, du punk rock, de la musique électronique et surtout de la musique méditerranéenne».

Voilà en somme un autre exemple des merveilles musicales qui émergent de l'immigration. «Tomer [Yosef, le chanteur], Tamir et moi avons grandi à Tel-Aviv en écoutant les sons de la musique arabe, de nos ancêtres dans les Balkans. C'est cette espèce d'éducation folk — de "background" klezmer — qui rend le groupe spécial: une enfance à baigner dans la musique juive klezmer, qui a quelque chose de très pur, combinée à un mélange d'influences occidentales très large par la suite.» Et encore! Sur le dernier album, Nu-Med, s'ajoutent des sonorités mexicaines sur la pièce bien nommée — et particulièrement réussie — Mexico City.

Ce soir au Festival d'été, ils seront six musiciens sur scène mais selon les occasions, les spectacles peuvent en contenir trois fois plus avec de la danse, et toujours cette espèce d'énergie chaotique et sans limites propre aux ensembles venus des Balkans.

Une conception rassembleuse de la musique qui se traduit dans des convictions politiques conséquentes. Ainsi, BBB a profité de spectacles en Israël pour inviter des artistes palestiniens et lancer à la foule des slogans pacifistes. «Nous n'avons pas l'autorisation d'aller en Cisjordanie. Mais nous adorerions y aller, faire un gros spectacle pour la paix, près du mur. Dès qu'on aura une petite ouverture, on le fera. [...] On a quand même des invités qui viennent du côté palestinien.»

Plutôt que de s'affliger de l'état des choses, les musiciens de Balkan Beat Orchestra continuent d'ouvrir des portes. «Nous n'avons pas de limites; ce qui nous intéresse, c'est de provoquer de nouvelles ouvertures.»

Et de rire des dirigeants de ce monde. À Québec, ils comptent tester de nouvelles pièces comme Dumb Gold Digger, une chanson de Tomer Yosef qui décrit «certains de nos dirigeants politiques». Cette pièce, poursuit Ori, traite de cette tendance à faire silence «plutôt que de surveiller un gouvernement qui base ses décisions sur la cupidité au lieu de les baser sur la morale et les intérêts de l'humanité».

Le discours est grave mais pas l'enrobage. Portées par l'énergie animale de son chanteur, les performances du groupe sont de véritables célébrations. «Nous sommes des gens assez joyeux, disons que notre musique ne manque pas d'optimisme.»

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- Balkan Beat Box à la place d'Youville ce soir à 21h30.

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