Paul Kunigis au Café Campus - Un homme, un chapeau et ses potes
Il se tenait là, au centre de son monde et il célébrait son dixième anniversaire de carrière. Enfin, son douzième qui avait des allures de dixième, parce qu'il faut parfois arrondir les coins pour trouver le prétexte aux retrouvailles. Et retrouvailles il y eut. Et avec ses complices de toujours, ceux que l'on retrouve sur au moins un de ses disques. C'était important, d'abord à cause de la qualité des musiciens présents, puis pour représenter toutes les époques. Du ni-tzigane-ni-klezmer-ni-dixie-mais-tout-ça-à-la-fois de ses débuts jusqu'aux chansons de ses exodes avec ses moments planants et ses quelques inflexions orientales.
Paul Kunigis chantait, jouait du piano, tournait autour, dansait comme un grec, mimait et racontait même comme un véritable conteur. Si on l'a déjà vu plus bavard, le concert n'en souffrait pas, tellement le groupe était si naturellement soudé. Des vieux complices comme Kristin Molnar et Jean-Denis Levasseur qui sont parfaitement chez eux en Europe de l'Est. Le guitariste Bruno Rouyère qui se la donnait électrique, un peu funky et bellement planant par moment. L'accordéonistes Caroline Meunier qui connaît tout des effets tristement nostalgiques ou l'inverse. Le bassiste Vander qui assumait impeccablement sans trop de fioritures, pendant que le batteur José Major et le batteur percussionniste François Lalonde se donnaient la répartie. Restait Yves Desrosiers, le maître de la texture qui ne se gênait pas pour accompagner énergiquement.Une introduction instrumentale aérienne, orientalisante, urbaine et très habitée donne le ton. Puis Kunigis arrive avec son chapeau. Le début de la pièce est lente et nostalgique. En Europe de l'Est ils sont comme ça, exubérants et larmoyants lorsqu'ils le veulent. Mais hier soir, ils avaient le goût de déménager et les pièces qui ont suivi rappelait le Kunigis de Pamietam, il y a ... dix ans. Du vitaminé, une pièce qui se développe si progressivement qu'on sent littéralement l'action avant qu'elle arrive, des dialogues allumés entre le violon et les vents. Même lorsqu'il tombe dans la nostalgie ou du kitsch à la Jo Dassin, c'est avec un bel habillage et la musique projette dans tous les mondes de celui qui visiblement se sentait bien avec ses potes. La table était mise pour une bonne deuxième partie.
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Collaborateur du Devoir