Montréal - Jacques Laurin planche sur un projet de Centre de jazz depuis deux ans

Un ancien pilier du Off Festival de jazz rêve d'installer un Centre international de jazz et de musique du monde sur le Plateau Mont-Royal, à Montréal. Idéalement, selon les informations obtenues par Le Devoir, le projet de Jacques Laurin serait installé dans le sanctuaire Saint-Jude, rue Saint-Denis, un complexe conventuel mis en vente par les dominicains depuis l'été 2006.

Saint Jude est le patron des causes désespérées, et celle-là aurait rapidement besoin d'un miracle.

Québec a fait son choix en annonçant la semaine dernière l'injection d'à peu près neuf millions de dollars dans la transformation de l'édifice Blumenthal en Maison du jazz. L'immeuble de huit étages, rue Sainte-Catherine, tout près de la Place des Arts, abritera notamment les archives du Festival international de jazz de Montréal (FIJM), un resto-bar, une galerie d'art, un temple de la renommée et une salle de 300 places.

L'agenda des dominicains constitue un autre obstacle de taille. Selon Jacques Laurin, la congrégation lui accorde jusqu'au 12 mars (mercredi prochain) pour accoucher d'une proposition ferme d'achat, sans quoi le complexe patrimonial sera cédé à un autre projet. Deux promoteurs immobiliers auraient montré de l'intérêt pour le site stratégiquement situé. Bref, il est minuit moins des poussières pour le projet musical en développement depuis plus de deux ans, «Le Centre et la Maison seraient complémentaires», explique Jacques Laurin, président du Regroupement des artistes jazz du Québec. Il a organisé le Off Festival de jazz de 2001 à 2006. Il ne se laisse pas démonter par la décision de Québec d'appuyer le développement d'un autre lieu dédié au jazz. «Le projet de la rue Saint-Denis se veut communautaire, dans le sens où il servirait d'abord la communauté et le public jazz du Québec, poursuit-il. Ce n'est pas seulement une nouvelle salle pensée et équipée spécifiquement pour les exigences de la discipline dont la communauté des musiciens de jazz et de musique du monde a besoin à Montréal. Plus largement, la ville a besoin d'un centre s'articulant autour de leurs besoins criants et urgents d'information, de services, de recherche, de création, de diffusion, de production, de ressourcement et de perfectionnement. Il faut aussi voir à l'éducation, au développement et à la fidélisation d'un public amateur, sur une base quotidienne.» Il a été impossible d'obtenir un commentaire des dominicains.

Le dossier du Centre international de jazz et de musique du monde, long d'une quarantaine de pages, propose de transformer l'église du Sanctuaire en salle de spectacle, en prenant soin de restaurer l'orgue Casavant qui s'y trouve. Les autres immeubles du complexe conventuel accueilleraient un service de bar et de restaurant et éventuellement un hôtel-boutiques. «La formule est encore ouverte, dit le promoteur. Mais l'ensemble est conçu comme un partenariat public-privé.»

M. Laurin refuse de dévoiler le budget total de son projet mais précise rechercher toujours des mécènes et des partenaires. La mairesse de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal a donné son appui au projet par lettre. Le ministère de la Culture a été avisé de l'idée, également par lettre, dès 2006, mais sans succès. L'attachée politique de l'actuelle ministre avoue que ce projet de centre «ne lui dit rien». M. Laurin affirme avoir rencontré la direction du FIJM à deux reprises, l'an dernier, pour exposer ses plans. «Il s'est présenté comme un agent qui cherchait à rentabiliser son immeuble, mais son projet ne tenait pas la route financièrement», dit Marie-Ève Boisvert, directrice des communications du Festival.

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