Tous les chemins mènent à Tadoussac
Québec — Tadoussac est un festival qu'on ne quitte jamais vraiment. Malgré des forfaits plus onéreux qu'ailleurs, les gens réservent leurs places avant même que la programmation ne soit dévoilée. À quelques jours du premier concert, la directrice de la programmation, Catherine Marck, explique comment tout cela fonctionne.
«C'est spécial, la vie, hein? Ces hasards qui font qu'on se retrouve à quelque part», lance en riant celle que tous surnomment «Catou» à propos du chemin qui l'a conduite à «Tadou». À la fin des années 70, c'est son amour de l'oeuvre de Félix Leclerc qui la pousse à quitter la France pour aller à la découverte du pays de ses chansons. Une guitare et une auberge de jeunesse ont fait le reste. «Je voyageais sur le pouce vers Blanc-Sablon et je me suis arrêtée une nuit à l'auberge de jeunesse de Tadoussac, où j'ai laissé ma guitare. Au printemps, quand je suis revenue la chercher, j'ai rencontré du monde et puis j'ai collé!»Quelques années plus tard, à la suite d'un jam, elle décide avec André Tremblay (toujours propriétaire de l'auberge) de lancer un petit festival de musique. C'était en 1984, il y a près de 25 ans. Bien avant l'obtention du Félix de l'événement de l'année 2006. Entre-temps, Tadoussac s'est prêté à une série d'ajustements. «Au début, le festival se déroulait au mois d'août. Il y avait beaucoup de touristes mais ils ne venaient pas pour la chanson. Ils étaient là pour les baleines. Je me rappelle d'un concert de Richard Desjardins en 1988. Personne ne l'écoutait.»
En 1993, le déménagement vers la deuxième semaine de juin a eu un impact considérable. «En déplaçant le festival au début de l'été, on voulait en faire un événement culturel et remplir le village avant le lancement de la saison touristique. Et ç'a plutôt bien marché.» Puis, quelques années plus tard, on juge bon de structurer les choses encore davantage. Le nouveau directeur général Charles Breton va chercher plus de fonds, on veut payer les bénévoles, investir davantage dans les relations publiques.
Depuis, celui qu'on surnomme le «plus grand des petits festivals» s'est implanté dans une dizaine de salles et, grâce à son positionnement tôt en juin, est devenu la rampe de lancement de la saison touristique. Du jeudi au samedi, c'est comme si la population du village se multipliait par dix.
Le matin, au dépanneur, on cherche en vain des exemplaires des journaux et il faut faire la file très longtemps avant de trouver un restaurant avec de la place où manger ses oeufs bacon. Pendant ce temps, les plus téméraires poursuivent les célébrations sur le balcon de l'auberge de jeunesse, qui demeure le point de ralliement des jeunes fêtards. Cette année, on y recevra Band de Garage, la chanteuse montréalaise Lara (lauréate du prix du public 2004 au Festival de Granby), la formation Manouche et les explorations électro du Montréalais Misteur Valaire. Bien au chaud dans le sous-sol de l'église, on verra Richard Desjardins et Patrick Watson tandis qu'Ève Cournoyer et un certain Juan Sebastian Larobina animeront les abords de la baie.
Il y en a vraiment pour tous les goûts et il ne nous appartient pas ici de nommer tout le monde, mais on surveillera notamment les Français repêchés par Catherine Marck dans les petits festivals de nos cousins ainsi que tous ces Québécois qui, pour l'instant, ne nous disent rien. «Pierre Lapointe était complètement inconnu à son premier spectacle chez nous, en 2002.» Ah bon. Et si, au lieu de mener à Tadoussac, tous les chemins en partaient?
- Festival de la chanson de Tadoussac, du 14 au 17 juin. www.chansontadoussac.com.