Michel Faubert à la Tulipe - De l'autre côté de la vie!

Michel Faubert
Photo: Michel Faubert

C'était soir de fin du monde hier, alors que le passeur de tradition vivante brisait le nouveau spectacle de son album réalisé par Jérôme Minière. Une fin du monde qui n'en était pas une et qui avait tout du rituel de passage et de la renaissance, alors que le folkloriste poursuivait son incursion dans le monde des esprits tristes ou choqués, mais parfois tout de même heureux. Si le décor était au macabre avec des corps aux jambes et aux têtes coupées qui flottaient en l'air dans le fond de la scène, avec Faubert, on finit toujours par trouver de la lumière, même dans ses histoires sinistres, même dans ses récits fantastiques.

Parce qu'il y a dans le fond de cet artiste une générosité qui ne se dément pas. On airait bien aimé entendre le chanteur conteur plus souvent entre les pièces, mais tout était dans la richesse des ambiances texturées d'électrique et d'électronique. On pensait parfois à Pink Floyd, référence obligatoire pour qui s'intéresse aux modes électro planants, mais la facture générale relevait d'un monde beaucoup plus sombre.

Le concert commence : une voix de basse décline les grandes questions du Diable d'Amérique. Est-ce Satan lui-même? La voix est trop basse. Arrive le folkloriste, qui, d'abord, a tout de l'urbain contemporain. Les loops électroniques sont à leur maximum. Assisterons-nous au déchaînement sonore? Oui, mais par moments seulement, parce que pour l'essentiel, Faubert, tout habillé qu'il est par un quintette de guitare, basse batterie, clavier et petits instruments, reste Faubert. Avec son monde surréel, ses contes et complaintes. Maintenant avec les plumes les plus actuelles.

La complainte de la fin du monde se joue avec guitare acoustique et de lourds coups de piano. Arrive ensuite Le Prince Eusèbe, un vieux trésor ressorti des boules à mites, tout comme Alexandre qui resurgira à la fin du premier set. Heureux souvenirs avec des habillages qui ne nous éloignent pas de l'essentiel des originaux. Faubert possède l'art du dosage : climats aériens, montées incantatoires hardcores qui soulignent le lugubre, mais constant retour à l'humain avec sa dose d'acoustique et d'histoire. La poison, une pièce livrée de façon très rythmique, est entamée avec quatre chanteurs à l'unisson. Darc, la suivante, nous ramène à un conte déjà connu et malheureusement noyé dans une musique qui prend parfois trop de place. On veut entendre les mots et on s'y sent parfois frustré. Mais il s'agissait d'une première. Des ajustements suivront forcément. Pour le reste, on en aurait pris pendant des heures.

Collaborateur du Devoir

À voir en vidéo