Guide - 1001 disques... et il en manque!
Les 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie. Sacré programme. Sûr et certain, il y a Ram dans le lot. Impossible qu'il n'y ait pas Ram. Ouvrons le bouquin. Voyons l'index.
Pas là. Pas là! Ces analphabètes n'ont pas inclus Ram, le meilleur album solo de McCartney, l'essentiel des essentiels, le disque d'Uncle Albert/Admiral Halsey! Grogne. Springsteen, tiens, allons voir s'il y a ce qu'il faut de Bruce. Hérésie! Ni Greetings From Asbury Park, N.J., ni The Ghost Of Tom Joad... Décidément. Et les Beach Boys, il y a Pet Sounds, tout de même? Fiou! Mais... mais! Nooooooon! Z'ont omis All Summer Long, ces empêcheurs de clapoter en rond. All Summer Long! L'album de pop plagiste par excellence, le disque de Wendy, I Get Around. Infamie! Je gage que ces manants ont passé outre au chef-d'oeuvre des Zombies, le chaînon manquant entre Pet Sounds (des Beach Boys) et Sgt. Pepper's (des Beatles), j'ai nommé Odessey And Oracle. Vérifions. Ah ben non, c'est là, page 153. Et Gainsbourg? Là, je les tiens. Sûr que ces abrutis d'Angliches n'ont même pas pensé à L'Histoire de Melody Nelson. Ah ben non, ils y ont pensé. À Arcade Fire aussi. À notre Rufus itou. À Calexico, Gillian Welch, Joe Ely, Emmylou Harris également. Mais pas à Simple Dreams, le disque de Linda Ronstadt. Ni à Breakfast In America, de Supertramp. Grogne.On peut s'amuser comme ça longtemps. C'est fait pour. On s'emporte, on injurie, on se réconcilie, on se réjouit, on maugrée encore. Il y a 1001 raisons d'être content et cent mille raisons de trouver dommage, beau dommage, que les disques d'Harmonium n'aient pas connu un succès mondial cent mille fois mérité. Pour quiconque a une collection de disques, tout le plaisir de feuilleter cette grosse pâte feuilletée en forme de pavé tient à l'écart forcément vertigineux entre ce qu'on a choisi, nous, et ce qu'ils ont choisi, eux, ces 90 critiques patentés de la planète rock: de toute évidence, la notion même d'une liste des «1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie» est d'une absurdité totale, lubie de généraliste. Personne n'est obligé de ratisser large dans ses goûts musicaux: ado, j'étais pro-rock et anti-disco comme si j'étais entré en religion. «Le Freak, c'est chic?» Pouah! L'album de Chic n'est pas moins inclus. Non sans raison.
C'est l'étrangeté d'un tel livre: on s'y retrouve tous, on s'en distingue tous. C'est l'intérêt, aussi. Parce que les genres les plus variés sont dûment représentés, c'est bigrement pratique pour explorer ce qu'on connaît moins, ou pas du tout. En hip-hop comme en soul, en musiques du monde comme en rock'n'roll des origines, la plupart des albums qui comptent sont présents, et il y a autant de points de départ que d'arrivée. De quoi se frayer un chemin. À plus forte raison si on se passionne depuis peu pour la musique et qu'on est un peu perdu dans ce demi-siècle d'enregistrements disponibles sur tant de supports différents, du vinyle chéri des collectionneurs aux fichiers compressés des sites de téléchargement. La vérité est que ce livre de référence me sera utile dans mon métier, comme il sera utile au pur consommateur: chaque album recensé est une porte ouverte sur un artiste, une oeuvre, une époque. En plus, il y a les titres des chansons, leur durée, les auteurs et compositeurs. Avec ça et Google, tout est possible.
Collaborateur du Devoir
LES 1001 ALBUMS
QU'IL FAUT AVOIR ÉCOUTÉS DANS SA VIE
Collectif, édité par Robert
Dimery, préface de l'édition française de Michka Assayas
Éditions du Trécarré,
2006, 959 pages