Vitrine du disque
Folk-pop
Different Paths
Camaromance
Local
En 2004, le premier effort de Camaromance, à l'époque un duo, nous était passé sous le nez. Ça arrive, vous nous le pardonnerez. Depuis, ce groupe a diminué sa taille de moitié et est devenu le projet solo de Martine Groulx qui, hors des heures de studio, dirige la SOPREF et Local Distribution.
Philippe Papineau
Électro
En légère suspension
Pheek
Archipel Musique
Sortie attendue du plus récent album de Jean-Patrice Rémillard, alias Pheek. Après cinq opus remarquables et deux nominations au Gala de l'ADISQ, normal qu'on soit curieux de découvrir la suite du projet. Dans En légère suspension, Pheek propose une musique caractérisée par un savant mélange de micro-house techno et de musique minimale. Fidèle à son habitude, le compositeur s'aventure dans un monde d'explorations sonores. Cette fois, matière organique et grincements binaires sont à l'honneur. Habilement, Pheek introduit dans sa musique de délicats glitchs arrêtant le temps pour un demi-souffle. Ce décalage momentané de l'espace-temps donne à l'auditeur un franc sentiment d'apesanteur que le titre de l'album illustre avec justesse. Loin d'une chute libre cérébrale, la rythmique intelligemment imprégnée de grooves profonds nous transporte jusqu'à la piste de danse. À explorer de préférence à haut volume!
Patrick Caux
Ska
Studio One Rude Boys
Artistes variés
Soul Jazz - Fusion III
Les rude boys et les rude girls étaient de jeunes voyous des ghettos de la capitale jamaïcaine dans les années 50 et 60, reconnaissables par leurs complets noirs et frustrés par les conditions du capitalisme et les injustices. Leur musique a marqué la transition entre le ska, le rocksteady et ensuite le reggae. Ce mouvement a d'ailleurs donné naissance aux skinheads en Angleterre quelques années plus tard (à ne pas confondre avec leurs rivaux violents et racistes, les boneheads). La compilation Studio One Rude Boys propose un amalgame de pièces de l'époque (et un peu plus). Entre les célèbres Wailers, qui officieront plus tard avec Bob Marley, et Bob Andy (la touchante Crime Don't Pay), ce survol d'une époque marquante de la musique est d'autant plus attachant que l'enregistrement remasterisé rend enfin justice à l'instrumentation touffue des sound systems, dominés par une puissante section de cuivres. À noter encore une fois chez les disques de l'étiquette britannique Soul Jazz la magnifique pochette remplie de renseignements historiques.
Étienne Côté-Paluck
Monde
UNU DAOU TRI CHTAR
Erik Marchand
Innacor - Interdisc
«Unu daou tri chtar», littéralement «1, 2, 3, 4» en quatre langues... Que la musique commence! On croit entendre un taraf rom, roumain ou serbe, et pourtant, ils ne sont que quatre. Quelque chose semble clocher. On n'entre pas encore dans le monde du taraf de Haïdouks. Mais on s'y sent proche. Et il y a cette voix d'Erik Marchand, certes imposante mais aux inflexions bien bretonnes. L'homme en connaît long sur le sujet, lui qu'on sait capable de lancer facilement des airs de gwerz sur le ton de la complainte la plus tragique. Il peut également se livrer à de longues envolées mélodiques, ornementer finement et intégrer les modes orientaux et tziganes au sein de sa musique. Il fait cela de façon convaincante depuis au moins 15 ans. Pour démontrer les parentés naturelles entre les chants des villages bretons et ceux de la caravane. Pour marier les airs de liberté. Il y réussit encore avec son vieux pote Jacky Mollard au violon, Viorel Tajkuna à l'accordéon-piano et Costica Olan au taragot, sorte d'hybride entre la clarinette et le saxophone. Le résultat tient des vrais échanges avec son lot d'hommages aux artistes inconnus à la vie romanesque.
Yves Bernard
Roots
THE ROAD TO ESCONDIDO
JJ Cale & Eric Clapton
Reprise - Warner
Ce n'est pas l'album d'une rencontre et encore moins d'un duel. C'est l'officialisation d'une fusion. On le sait depuis Cocaine et After Midnight, les morceaux de JJ Cale rendus célèbres par Clapton, les deux ne font qu'un. Ou plutôt: quand le Britannique joue du JJ, il devient plus Okie que l'Okie. À plus forte raison quand il joue tout un album avec lui. Autant dire à travers lui. Sur l'album avec B. B. King, Clapton demeurait Clapton, son jeu immanquablement fluide, et B. B. signait B. B. à chaque note bleue étirée. Sur la route d'Escondido — entendez: Nowhereland, USA —, ce sont des frères siamois qui avalent de l'asphalte et s'arrêtent dans tous les jukejoints pour grattouiller pareillement du blues relaxe (Sporting Life Blues), du r'n'b pas énervé (When The War Is Over), du soul un chouïa cochon (Hard To Thrill) et un peu de honky tonk sans prétention (Missing Person). La randonnée n'est pas moins agréable parce qu'ils jouent à quatre mains sur le manche, d'autant qu'ils croisent en chemin de chouettes copains, dont Albert Lee, Taj Mahal et le regretté Billy Preston. L'osmose a du bon.
Sylvain Cormier
Classique
JANÁCEK
Îuvres orchestrales. Orchestre philharmonique de Brno.
Dir.: Frantisek Jilek. Supraphon trois CD séparés SU 3886-2, 3887-2, 3888-2. Distribution: Gillmore.
Lors de la présentation à la presse du récent concours OSM-Standard Life, Kent Nagano dissertait avec esprit sur la notion de tradition. La tradition en musique peut être néfaste lorsqu'elle sclérose un répertoire ou lorsqu'elle induit des distorsions par rapport aux partitions. Elle peut aussi être nourricière. En voilà une: celle qu'on appelle «la tradition de Brno» dans l'interprétation de la musique de Leos Janácek. Plus cinglante, plus claire et plus «terrienne» que la manière pragoise, «la tradition de Brno» a été incarnée par un chef peu connu à l'étranger de l'ex-Tchécoslovaquie: Frantisek Jilek. Les trois disques réalisés entre 1986 et 1992 sont réédités aujourd'hui et n'ont rien perdu de leur impact. Le ton est juste, les couleurs orchestrales idéales, ne cherchant jamais à anoblir une expression avant tout viscérale. Le premier volume (SU 3886), regroupant les Danses lachiennes, la Suite et Idylle pour cordes, est discographiquement le plus utile, mais les autres comportent, autour de Taras Bulba (SU 3887) et de la Sinfonietta (SU 3888), nombre d'oeuvres assez rares.
Christophe Huss