Chaque année pendant six mois, ils sillonnent les routes du Québec à la rencontre de leur famille. Ils ne sont aucunement unis par les liens du sang, c'est la musique country qui coule dans leurs veines et les rapproche les uns des autres. En fait, il s'agit bien plus que de musique: parlons plutôt d'un art de vivre pour certains, d'une bouée de sauvetage pour d'autres.

La réalisatrice Carole Laganière nous entraîne dans des univers que l'on croit connaître alors que notre compréhension s'avère souvent forgée à même nos préjugés, qu'il s'agisse des enfants du quartier Hochelaga-Maisonneuve (Vues de l'Est) ou des résidents du Chez-nous des artistes (Un toit, un violon, la lune). La voilà maintenant sur la route du country, tout comme près de 200 000 Québécois qui, chaque année, recherchent des chansons que certains jugent simplistes, une culture que plusieurs taxent de machiste.

Dans Country, elle montre une facette moins clinquante de ce milieu où l'on ne se passionne pas que pour les rodéos. La cinéaste va à la rencontre d'hommes et de femmes qui parlent de leur passion avec une sincérité désarmante, dévoilant au passage des aspects plus douloureux de leur existence, bien cachés derrière leur chapeau de cow-boy.

Certains évoquent avec inquiétude leur vieillesse et le moment, tragique, où ils ne pourront plus suivre leurs amis musiciens ou chanteurs. D'autres décrivent leur solitude, leurs limites (parfois même sexuelles... ) mais ne se font pas prier pour prendre la défense d'un phénomène jugé par d'autres avec condescendance. L'humoriste et comédien JiCi Lauzon remplit d'ailleurs le rôle de chantre du country avec une grande conviction. Et comme Willie Lamothe, ils mentent tous un peu en fredonnant «Mille après mille, je suis triste / Mille après mille, je m'ennuie»...

Zone libre Documentaires: Country, Radio-Canada, 21h