De l'hommage (à la culture créole) à l'outrage (aux Sinners!), la chanson telle que pratiquée à l'événement Coup de coeur francophone aura le dos large du 7 au 17 novembre. Mais battra un peu moins à l'est qu'avant.

Plus grand-chose à la Maison de la culture Frontenac. C'est ce qu'on remarque d'emblée, une fois le dépliant de programmation déplié. Normal, c'est tout en haut de la page. Il y aura Koudyé Kréyol, soirée de chanson créole des Tchaka, Eval Manigat et compagnie, le samedi 9 novembre; Louise Portal le mardi 12 dans le cadre des Mardis Fugère; le groupe français Bratsch du 14 au 16, fêtant ses 25 ans d'exploration des musiques d'Europe de l'Est. Et c'est tout pour Frontenac. La principale série des programmes doubles, coeur du Coup de coeur depuis les débuts à l'auditorium du Cégep Maisonneuve en 1987, niche désormais au Lion d'Or. C'est d'ailleurs là que le directeur artistique Alain Chartrand dévolait hier la composition des quelque 60 spectacles de sa 16e programmation, présentée du 7 au 17 novembre.

Notez le déplacement, du Cégep Maisonneuve à Maison de la culture Frontenac jusqu'au Lion d'Or: ce qu'on appelait «le festival de chanson de l'Est montréalais» se rapproche à chaque année un peu plus du centre-ville. Au revoir le Zest de la rue Bennett, bonjour la Place des Arts: cette année, des spectacles majeurs auront lieu à la Cinquième salle de la PdA (l'événement Le Grand 8, show fomenté par des lauréats de concours, ainsi que le gala de clôture Quand on aime, célébration des vingt ans du Festival en chanson de Petite-Vallée avec les Richard Séguin, Michel Rivard, Bori et consorts), et une nouvelle série habitera le Studio-théâtre Stella Artois de la même PdA. Le Nouveau Club Soda, le Cabaret et, niche d'un premier «Off-Coup de coeur», le bar L'Escogriffe de la rue Saint-Denis, seront également mis à contribution.

Des alliances

Mine de rien, on se retrouve dans les parages des premières FrancoFolies, du temps où ça se passait l'automne. Coïncidence? C'est certainement le reflet, déduit-on, de ce qu'Alain Chartrand appelle la «culture d'alliances» du Coup de coeur francophone: le festival va où il trouve des partenaires. Ainsi François Guy et sa SACEF (Société pour l'avancement de la chanson d'expression française) sont-ils dorénavant du Coup: le Studio-théâtre est donc réquisitionné. Les liens du Coup de coeur avec Allan Côté et son jamboree chansonnier de Petite-Vallée sont pareillement devenus si étroits qu'une programmation ne va plus sans événement conjoint. Logique de coup de pouce réciproque aussi nécessaire que salutaire. Quitte à quitter un peu l'est.

Cela dit, nonobstant les lieux, le 16e Coup de coeur propose encore et toujours son lot de bons coups. À commencer par l'alléchant Outrage aux Sinners, soirée que l'on promet dignement irrévérencieuse en compagnie des Loco Locass, Vulgaires Machins, Lucien Francoeur, Pierre Harel, French B et assimilés. Signalons avec presque autant d'enthousiasme les retours de Romain Didier et Mass Hysteria, le premier spectacle entièrement en français dans le texte de Fredric Gary Comeau, le show de «garage et de chalet» de Fred Fortin, la séance de démolition de la «cabane au Canada» par Mononc'Serge, les nouveaux spectacles d'Yves Desrosiers et des Ours, l'étonnant doublé Steve Normandin-La Baronne et, apothéose de leur tournée triomphale au Québec, la récidive bienvenue des Disjoncteurs. Le site www.coupdecoeur.qc.ca fournit les détails, y compris les haltes pancanadiennes. D'est en ouest.