12 juillet 1949 - Accidents de la route
Est-ce encore vrai que ce à quoi l'être humain tient le plus c'est sa vie?
On en douterait facilement en lisant les dépêches des journaux mentionnant des centaines et des centaines de morts violentes pour une seule fin de semaine, accidents de la route, noyades, etc., etc., sans compter celles dont les gazettes ne font pas mention pour une raison ou pour une autre.
On ne pourra pas prendre connaissance de ces rapports sans apprendre en même temps le rôle idiot, toujours le même, joué par la boisson, par l'alcool. C'est tellement ancré dans la tête des jeunes et des moins jeunes à présent qu'une fin de semaine, un congé, un voyage ou une simple randonnée en automobile ne sont intéressants et drôles que copieusement arrosés de rasades et de petits verres.
Il y a aussi l'imprudence folle de la jeunesse téméraire, c'est entendu.
Mais quand on voit, sur la route, la façon de conduire de tant de chauffeurs d'autos louées ou de camions bondés de pique-niqueurs, quand on entend le récit des circonstances de certains accidents qui doivent ressembler à tant d'autres dont on ignore les détails, on se demande malgré soi où finit dans tout cela la raison normale et où commence l'arriération mentale?
Et alors, pourquoi tant de déséquilibrés comme tant d'alcooliques au volant des voitures?
Est-ce qu'une loi des permis plus sévère et mieux appliquée ne rendrait pas service à tout le monde, aux individus comme à la société? Pourquoi n'importe quel malade ou n'importe quel fou peut-il louer en vitesse une automobile, s'élancer sur la route en se moquant de tout, bon sens compris, semer des accidents et même la mort, pas toujours pour lui-même, mais pour les autres?
Sans doute, il y a les véritables accidents provoqués par un manque d'attention, une fausse manoeuvre, un mauvais calcul, l'habitude de prendre des risques, etc., mais il y a des habitudes de boisson, de vitesse folle par n'importe quel chemin, qui demanderaient un miracle de première classe, chaque fois, pour ne pas provoquer de désastre. Et ce qui doit arriver arrive tout logiquement et les listes d'accidents mortels de la route s'allongent indéfiniment. Et c'est encore bien heureux quand les gens raisonnables et prudents ne sont pas, eux aussi, victimes de ces têtes folles.
Germaine BERNIER