Réfléchir le journalisme avec les citoyens

Et si les journalistes sortaient de leur vase clos pour réfléchir au futur de la profession ? Pour une rare fois, les citoyens ont pu directement échanger avec des artisans des médias lors du premier Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer (FIJC), ce week-end. Une occasion pour eux de partager leurs attentes envers le milieu, mais aussi de mieux le comprendre.
« C’était nécessaire de créer un événement comme ça. Les journalistes, on les lit, on les voit à la télé, on les écoute à la radio quotidiennement, mais dans les faits, on n’a jamais vraiment l’occasion de leur parler directement, de leur partager notre opinion et leur poser des questions. Pourtant, comme citoyens, nous sommes leurs premiers clients », fait remarquer Solange Morrissette.
L’ancienne directrice générale du Réseau des organisateurs de spectacles de l’Est-du-Québec (ROSEQ), qui a aussi été chroniqueuse culturelle pour Radio-Canada dans les années 1980, a gardé un grand intérêt pour l’actualité et le milieu journalistique. Sans aucune hésitation, elle a ainsi fait le trajet de Rimouski pour assister à la première édition du FIJC, dans la Baie-des-Chaleurs.
Pendant trois jours, citoyens, apprentis journalistes et artisans du milieu ont pu se réunir pour assister à tout un éventail d’activités. Ensemble, ils ont échangé sur la guerre en Ukraine, la fatigue informationnelle, la qualité du français à la radio ou encore les déserts médiatiques en région. Le public a aussi pu rencontrer Florence Aubenas, grand reporter au quotidien français Le Monde, venue discuter de son parcours professionnel et des coulisses de ses reportages. Exposition photo, théâtre documentaire et séance cinéma étaient aussi au programme.
« C’est assez rare d’avoir un événement comme celui-là, en région, d’autant plus. Pour moi, l’actualité, c’est essentiel, alors c’est intéressant de pouvoir parler avec les journalistes du métier et des sujets traités », confie André Philippe, un résident de Nouvelle, près de Carleton-sur-Mer.
« C’est une belle porte d’entrée pour le citoyen, renchérit Solange Morrissette. Ça permet de mieux comprendre le métier de journaliste, et c’est intéressant de voir à quel point le milieu se questionne beaucoup pour regagner la confiance du public. »
Un avis partagé par Anne Leblanc. Cette résidente de Carleton-sur-Mer a apprécié rencontrer en vrai ceux qu’elle voit chaque jour livrer les informations à la télévision. « Ça crée un rapprochement. On réalise que le milieu est accessible et à l’écoute des gens », note-t-elle, ravie d’avoir pu réfléchir sur des sujets d’actualité.
« Mission accomplie »
Le directeur général du festival, Bertin Leblanc, dresse un bilan positif de cette première édition. Chaque atelier — une quinzaine environ — a accueilli en moyenne de 120 à 150 personnes, dont le trois-quarts était des citoyens curieux d’en apprendre plus sur le milieu médiatique et sur l’actualité en général.
« Beaucoup de personnes venaient de la région, de la Gaspésie, mais il y avait aussi des gens de Québec, de Montréal, du Nouveau- Brunswick, qui ont fait le déplacement. […] Pour moi, c’est mission accomplie. Notre objectif numéro un, c’était de créer un festival citoyen. Et on l’a fait », se réjouit-il.
Il se dit surtout satisfait d’avoir réussi à créer cet espace d’échanges essentiel entre citoyens et artisans des médias. « Ça a permis de mieux se comprendre et de permettre au public d’apprendre en s’amusant », indique-t-il.
Le FIJC sera de retour l’an prochain pour une deuxième édition, lors du week-end précédant la Journée nationale des patriotes. Carleton-sur-Mer sera encore la ville d’accueil de ce rendez-vous, mais le directeur ne ferme pas la porte à exporter par la suite l’événement sous une autre forme ailleurs dans la province.
Notre journaliste est à Carleton-sur-Mer à l’invitation du Festival.