Le retour du documentaire «Péter la balloune» est réclamé

Le documentaire « Péter la balloune » du journaliste Hugo Meunier a été retiré des plateformes numériques de Radio-Canada à la suite d’une plainte déposée le 3 mars par l'ancien directeur général d’Éduc’alcool.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Le documentaire « Péter la balloune » du journaliste Hugo Meunier a été retiré des plateformes numériques de Radio-Canada à la suite d’une plainte déposée le 3 mars par l'ancien directeur général d’Éduc’alcool.

Estimant que Péter la balloune est le seul documentaire au Québec à mettre en lumière les risques de l’alcool et sa banalisation sociale, l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) presse Blimp Télé de retourner en montage pour faire les changements nécessaires et demande à Radio-Canada de le remettre sur ses plateformes numériques.

« C’est un documentaire nécessaire. C’est le seul jusqu’ici, au Québec, à vulgariser aussi bien l’information au grand public pour lui permettre de réfléchir et de prendre des décisions éclairées sur sa consommation d’alcool », plaide Marianne Dessureault, avocate responsable des affaires juridiques et porte-parole en matière d’alcool à l’ASPQ.

L’Association, qui regroupe plus de 1000 partenaires citoyens et organisationnels, s’explique mal la décision de Radio-Canada de supprimer définitivement le documentaire de ses plateformes, alors qu’il est « d’un grand intérêt public ».

Rappelons qu’après avoir reçu une plainte de l’ancien directeur général d’Éduc’alcool Hubert Sacy, le diffuseur public a jugé que Péter la balloune ne respectait pas ses normes et pratiques journalistiques, puisqu’il contient plusieurs erreurs concernant les faits et la démarche journalistique. Parmi elles : une erreur sur la personne qui a créé la confusion dans la présentation du métier d’un membre du CA d’Éduc’alcool, une erreur dans la présentation du mandat d’Éduc’alcool et une citation de M. Sacy prise hors contexte.

Dans un cri du coeur publié sur ses réseaux sociaux mardi dernier, le journaliste Hugo Meunier — qui menait l’enquête dans le documentaire — a déploré la situation, estimant que « ces erreurs techniques », n’entachaient pas « la véracité globale du documentaire ni son intérêt public » et qu’elles auraient pu être modifiées après coup.

C’est un documentaire nécessaire

 

Un avis que partagent de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux, ainsi que l’ASPQ. L’Association a d’ailleurs écrit dans la foulée à Blimp Télé pour l’encourager à retourner en montage, mais son courriel est resté sans réponse.

Contactée par Le Devoir, la compagnie a confirmé avoir reçu la demande, mais indique ne pas avoir l’intention d’apporter des changements au documentaire. « Ceux-ci nécessiteraient plusieurs heures de montage », a argumenté la présidente de la compagnie, Mylène Ferron.

Faire avancer la société

« En somme, il n’y a sûrement pas de documentaires parfaits, mais certains d’entre eux font avancer la société par des débats essentiels, comme c’est le cas de Péter la balloune », soutient Marianne Dessureault.

À ses yeux, la principale qualité du documentaire est d’avoir réussi à vulgariser et donc à rendre accessible l’information scientifique sur les impacts de la consommation d’alcool sur la santé. « Après sa diffusion, il y a eu une réelle réflexion sur le sujet dans la société, une vraie prise de conscience. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans des conférences, on a vu de nombreuses personnes, dont beaucoup de jeunes, s’inquiéter des impacts cognitifs que peut entraîner la consommation d’alcool. C’était quelque chose dont on parlait peu jusqu’ici », soutient Mme Dessureault.

Elle salue également le fait que le documentaire ose remettre en question les pratiques et le rôle de la Société des alcools du Québec (SAQ) dans l’équation. « Il y a beaucoup de marketing, de publicités qui banalisent la consommation d’alcool. Le documentaire a montré au grand public comment l’industrie cible les consommateurs pour augmenter ses ventes. Je suis sûr que plusieurs voient la carte Inspire ainsi que les rabais et les publicités de la SAQ autrement aujourd’hui. »

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