Les syndiqués du journal «Métro» tirent à leur tour la sonnette d’alarme

À moins d’un rapide soutien de la Ville de Montréal, ou d’un autre ordre de gouvernement, Métro Média devra supprimer la moitié des postes de sa salle de rédaction, a déclaré cette semaine son p.-d.g., Andrew Mulé.
Olivier Zuida Le Devoir À moins d’un rapide soutien de la Ville de Montréal, ou d’un autre ordre de gouvernement, Métro Média devra supprimer la moitié des postes de sa salle de rédaction, a déclaré cette semaine son p.-d.g., Andrew Mulé.

Après la direction de Métro Média et les partis d’opposition à Québec, c’est au tour du Syndicat montréalais de l’information (SMI-CSN) de tirer la sonnette d’alarme quant à l’avenir de la presse locale et de celui de ses membres, plus menacés que jamais de perdre leur emploi.

« Les journaux locaux sont hyperimportants pour la vitalité du tissu social et démocratique de la ville. On représente une source d’information fiable et proche des communautés. Peu de journalistes des grands médias vont encore assidûment aux conseils d’arrondissements et sont aussi proches que nous des acteurs communautaires des quartiers », dit Zoé Magalhaès, présidente du SMI-CSN, qui représente les journalistes et travailleurs de l’information du journal Métro.

Devant l’urgence de la situation, le syndicat se range derrière son employeur pour appeler à plus d’actions des pouvoirs publics, et vite.

Lundi, Métro Média, propriétaire du journal Métro et d’une vingtaine de journaux locaux sur l’île de Mont­réal, a lancé un ultime cri du coeur. L’entreprise craint de devoir tirer un trait sur ses journaux locaux avec l’entrée en vigueur le 17 mai du règlement municipal restreignant la distribution généralisée du Publisac. « C’est près de 75 à 80 % de nos revenus qui vont disparaître d’un coup », avait indiqué le président-directeur général, Andrew Mulé, en entrevue au Devoir.

À moins d’un rapide soutien de la Ville de Montréal, ou d’un autre ordre de gouvernement, Métro Média devra supprimer la moitié des postes de sa salle de rédaction, avait-il ajouté avec regret.

Une situation qui préoccupe le Syndicat montréalais de l’information. « On est en négociation depuis plusieurs mois pour le renouvellement de notre convention collective. En plus de se battre pour de meilleures conditions de travail, on doit maintenant faire face à cette menace de perdre nos emplois », déplore Zoé Magalhaès.

En tout, Métro Média compte une quarantaine de journalistes, dont une trentaine à Montréal et une dizaine à Québec. Une vingtaine de personnes pourraient donc perdre leur emploi d’ici le 17 mai.

La Ville réplique

L’automne dernier, la Ville de Montréal avait déjà annoncé une aide ponctuelle de 2 millions pour soutenir la presse locale dans cette transition vers la fin du Publisac, ce qui représente 85 000 $ pour chaque journal admissible.

Dans la foulée de la sortie publique de Métro Média lundi, le cabinet de la mairesse Valérie Plante a rappelé que la Ville et les arrondissements « vont continuer d’investir des centaines de milliers de dollars annuellement dans les médias locaux par l’achat d’espaces publicitaires […] en plus de diffuser des nouvelles dans ces canaux ».

Questionnés à ce sujet par un journaliste du journal Métro mercredi, les trois partis d’opposition à Québec ont manifesté leur inquiétude et réclamé que Québec apporte une aide supplémentaire à la presse locale.

Les libéraux ont par ailleurs interpellé le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, sur le sujet mercredi. Celui-ci s’est dit « conscient » des problèmes actuels, mais il a souligné que son gouvernement « agit déjà ». Il a notamment rappelé avoir prolongé de trois ans l’aide aux médias annoncée durant la pandémie. Il a cependant évoqué la possibilité de « s’asseoir » avec les entreprises de presse qui ont besoin d’aide.

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