Le livre coécrit par Laurent Turcot et Janette Bertrand mis sur pause

L’historien Laurent Turcot fait face à de multiples allégations de plagiat.
Photo: Jacques Nadeau archives Le Devoir L’historien Laurent Turcot fait face à de multiples allégations de plagiat.

Devant les multiples allégations de plagiat visant l’historien et animateur Laurent Turcot, la maison d’édition Libre Expression a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre le lancement de son livre C’est nous autres !, coécrit avec Janette Bertrand, qui devait paraître cette année.

« On a mis tout sur pause en attendant de voir ce qui se passe pour la suite des choses entourant Laurent Turcot », a expliqué Frédérique Grenouillat, directrice aux communications et au marketing du Groupe livre Québecor Média, propriétaire de Libre Expression.

Le Devoir avait constaté que la fiche de présentation du livre avait soudainement disparu des sites Web de la maison d’édition et des libraires qui annonçaient déjà sa sortie.

C’est nous autres ! devait initialement arriver sur les tablettes le 22 mars, soit trois jours avant que sa coautrice, Janette Bertrand, ne souffle ses 98 bougies. En raison de « circonstances liées à la production », sa publication avait toutefois déjà été repoussée une première fois à septembre prochain.

Or, devant la multiplication des allégations de plagiat contre Laurent Turcot dans les derniers mois, la maison d’édition a préféré tout récemment interrompre le lancement. « Aucune date n’est fixée. […] Nous en saurons davantage dans quelques semaines », précise Frédérique Grenouillat, qui ne ferme pas la porte à ce que l’ouvrage voie le jour. « Je peux assurer qu’il y a zéro plagiat dans ce livre, la question n’est vraiment pas là », a-t-elle ajouté.

Le Devoir a pu consulter les informations concernant le livre avant qu’elles ne disparaissent complètement du Web. Libre Expression présentait C’est nous autres ! comme « la science de Laurent [Turcot] et l’expérience de Janette [Bertrand] réunies dans une conversation intime sur les principaux sujets abordés dans les auto­­biographies » de plus de 2000 personnes âgées ayant raconté leur vie grâce aux capsules vidéo Écrire sa vie !, produites par Janette Bertrand durant la pandémie. Les deux auteurs devaient donc partir de ces récits pour « comprendre d’où l’on vient et réaliser tout le chemin parcouru ».

« Madame Bertrand est très déçue, mais respecte la décision de l’éditeur et préfère ne pas commenter davantage », a indiqué l’agent de l’autrice, Jacques Primeau. Dans un courriel envoyé au Devoir, Laurent Turcot s’est également dit « déçu » du report de la sortie du livre, ajoutant toutefois « se rallier à cette décision ».

Allégations de plagiat

L’historien vedette Laurent Turcot fait face à de multiples allégations de plagiat qui ont été mises en lumière par une série d’articles du Journal de Montréal dans les derniers mois.

Le quotidien a révélé en décembre que l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), où Laurent Turcot enseigne, avait lancé une enquête sur près de 120 cas de plagiat allégués dans différentes oeuvres du professeur, dont L’Histoire nous le dira, paru en avril 2022 et inspiré des vidéos de sa chaîne YouTube du même nom.

Déjà, à l’automne 2021, après avoir mené une première enquête, l’UQTR avait reproché à Laurent Turcot d’avoir repris presque mot pour mot 13 passages d’autres livres, sans citer leur provenance, dans son ouvrage Sports et loisirs. Une histoire des origines à nos jours, publié en 2016. L’université n’avait pas sanctionné le professeur, n’y voyant pas une erreur délibérée.

Début mars, Le Journal de Montréal a cette fois levé le voile sur une vingtaine d’autres exemples, tirés majoritairement des capsules de la chaîne YouTube de Laurent Turcot, dans lesquelles celui-ci aurait plagié le travail de chercheurs et de créateurs. Un autre cas provient de son balado Fan d’histoire, diffusé sur l’application OHdio de Radio-Canada.

De son côté, Laurent Turcot a pris la parole à quelques reprises sur ses réseaux sociaux dans le dernier mois pour défendre son intégrité, se disant victime d’acharnement. Il a expliqué que des références contenues dans ses livres avaient été enlevées durant le processus d’édition par souci d’alléger la forme et s’est excusé pour les « erreurs involontaires » qui ont pu s’y glisser.

Quant au plagiat allégué dans ses capsules vidéo, il a indiqué ne pas être l’auteur des vidéos mentionnées par Le Journal de Montréal. « Les omissions par ses collaborateurs se sont déroulées lors du processus d’écriture », a-t-il écrit sur sa page Facebook, précisant que des corrections ont été apportées dans la foulée et que son équipe fera « davantage de vérifications » à l’avenir.

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