«24 heures» tire un trait sur son édition papier

Le «24 heures» a publié jeudi un numéro souvenir retraçant de grands moments de l’histoire de Montréal qu’il a rapportés.
Jacques Nadeau Le Devoir Le «24 heures» a publié jeudi un numéro souvenir retraçant de grands moments de l’histoire de Montréal qu’il a rapportés.

Le journal 24 heures, distribué gratuitement dans le métro de Montréal, a publié jeudi sa dernière édition papier. Le quotidien a annoncé qu’il sera désormais uniquement accessible en format numérique.

Déjà, en février 2021, Québecor avait annoncé que le 24 heures version papier ne serait plus distribué qu’une fois par semaine.

La baisse de la fréquentation du métro depuis la pandémie, l’arrivée du signal cellulaire dans l’ensemble du réseau et la hausse du prix des matériaux semblent avoir précipité cette décision, selon le professeur Patrick White, de l’École des médias de l’UQAM. L’annonce survient un peu plus d’un mois après que Québecor eut annoncé la suppression de 240 postes dans ses filiales médiatiques ; plusieurs de ces mises à pied sont survenues dans l’équipe du 24 heures, dit-il.

Dans un article résumant l’évolution des journaux papier ces dernières années, le journaliste Gabriel Ouimet cite d’ailleurs dans la dernière édition du 24 heures une étude selon laquelle « aujourd’hui, un tiers (33 %) des adultes québécois s’informe principalement sur les réseaux sociaux, une proportion qui grimpe à 50 % chez les 25 à 34 ans, et à 67 % chez ceux âgés de 18 à 24 ans ».

Selon le professeur White, les beaux jours des journaux du métro sont tout simplement terminés. « C’est la fin d’une époque, dit-il. La distribution coûtait très cher, dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre et de hausse du prix du papier. Et les lecteurs ne sont pas au rendez-vous. »

« Même s’il s’agit d’un deuil à faire pour notre équipe, l’avenir est brillant pour le 24 heures et sa communauté. Nous allons continuer à traiter des mêmes thématiques qui nous passionnent et qui vous allument, sur nos plateformes numériques », écrivait jeudi Charles D’Amboise, directeur des contenus d’information au 24 heures. Pour marquer le coup, le journal a d’ailleurs fait de sa dernière édition papier un numéro souvenir retraçant de grands moments de l’histoire de Montréal qu’il a rapportés.

Avec des contenus exclusivement numériques, le 24 heures espère rejoindre une clientèle plus jeune, note le professeur Patrick White, qui dit par contre s’inquiéter d’un virage vers des contenus « attrape-clics » et moins en profondeur pour faire grimper ses statistiques de fréquentation.

C’est la fin d’une époque

 

La version papier hebdomadaire du 24 heures avait la particularité de présenter des dossiers fouillés, avec une sélection d’articles provenant d’autres publications de Québecor, remarque-t-il. Si la disparition du 24 heures en papier était « écrite dans le ciel », dit M. White, « il va quand même falloir continuer de traiter de sujets sociaux, de parler de changements climatiques ».

Son concurrent dans le réseau de transport en commun montréalais, le journal Métro, ne publie plus qu’une édition papier par semaine depuis juin 2022. Il était déjà passé de trois publications à deux en décembre 2021. Sa direction n’a pas commenté la nouvelle.

À voir en vidéo