Paul Arcand quittera la matinale du 98,5 dans deux ans

L’animateur de radio Paul Arcand
Photo: TVA / Archives Le Devoir L’animateur de radio Paul Arcand

La liste des départs de ténors de la radio continue de s’allonger. L’animateur Paul Arcand a annoncé qu’il quittera l’animation de la matinale du 98,5 FM dans deux ans, à la fin de son contrat qui le lie à la station. Mais les places laissées vacantes ne laissent pas présager l’arrivée massive de nouvelles voix dans le paysage radiophonique, au plus grand regret des observateurs contactés par Le Devoir.

« J’ai dit à mes patrons que j’avais l’intention de compléter mon entente actuelle, ce qui veut dire animer l’émission du matin pendant deux ans. Mais je ne veux pas renouveler l’entente, je ne veux pas prolonger mon contrat. Je veux dans deux ans passer à autre chose », a annoncé Paul Arcand en ondes jeudi matin.

L’animateur de 62 ans a précisé qu’il ne s’agissait pas d’un départ à la retraite. « J’ai l’intention de travailler, de garder un micro ; j’aime faire des revues de presse, des entrevues. […] Mais ça ne sera pas dans le cadre d’une émission du matin », a-t-il ajouté, ne fermant donc pas la porte au milieu radiophonique. Il a également indiqué avoir des projets de séries télévisées et de documentaires.

« Nos discussions remontent dans le temps avec Paul. Il nous a en effet avertis de son désir de ne pas renouveler son contrat, a réagi Cogeco par courriel. Paul est un incontournable de la radio, et nous profiterons de tous les instants avec lui. La suite des choses sera annoncée en temps et lieu. »

Paul Arcand est à la barre de Puisqu’il faut se lever depuis presque 20 ans au 98,5 FM. Il s’agit de l’émission du matin la plus écoutée du Grand Montréal francophone depuis des années.

Mercredi, les récents sondages Numeris ont d’ailleurs confirmé que le morning man restait indélogeable dans cette case horaire, son émission ayant accaparé 36 % des parts du marché ce printemps, contre 19,7 % pour Tout un matin sur ICI Première, son principal concurrent.

« Tout un matin ne cesse de gagner des points d’audimat. Avec le départ de Paul Arcand, ça va être intéressant de surveiller dans deux ans si ICI Première fait une remontée dans les sondages », note le professeur de journalisme à l’UQAM Patrick White. Il croit néanmoins que le 98,5 FM restera, malgré le départ de son animateur vedette, la radio la plus écoutée au pays. « La station a, de plus, deux ans pour préparer la relève de Paul Arcand et réfléchir à la matinale qu’elle veut offrir. »

Des départs à la pelle

En vigueur dans seulement deux ans, la décision de Paul Arcand survient tout de même dans la foulée de plusieurs autres départs de ténors de la radio dans les derniers mois. Au 98,5 FM, Bernard Drainville a laissé tomber son micro la semaine dernière pour faire un retour en politique avec la Coalition avenir Québec, le légendaire animateur de nuit Jacques Fabi prendra sa retraite au cours du mois de juin et Paul Houde ne reprendra pas l’émission matinale les week-ends cet automne.

À ICI Première, ce sont les départs de grands noms comme Joël Le Bigot, Claude Bernatchez, Michel Lacombe et Pierre Therrien qui ont été annoncés dernièrement.

 

Sans oublier, côté télévision, le départ à la retraite du chef d’antenne à TVA, Pierre Bruneau, qui présentera son dernier bulletin le 16 juin, la fin de l’émission d’affaires publiques de Denis Lévesque, ou encore le départ de Denis Gagné, qui était à la barre du magazine L’épicerie à Radio-Canada.

« C’est beaucoup de départs d’un coup, mais c’est logique. Plusieurs étaient en fin de carrière, et on savait que ça s’en venait. C’est un changement générationnel inévitable », fait remarquer le professeur Patrick White.

De plus, comme on a pu le constater dans d’autres sphères de la société, la pandémie a poussé de nombreux Québécois à se remettre en question, et les artisans des médias n’y ont pas échappé. « On s’est tous posé la question : “qu’est-ce que je veux faire du temps qu’il me reste ?” Je crois que la pandémie a autant repoussé qu’accéléré plusieurs de ces départs », estime Myriam Ségal, ex-animatrice et professeure de radio à la retraite.

Manque d’audace

Les deux intervenants voient plutôt d’un bon œil ce renouvellement de la vieille garde, qui « bloquait le chemin » à la relève en s’attachant à son siège. Ils jugent néanmoins, à la lumière des premières annonces de remplacements, que les patrons de presse ont manqué d’audace.

« On a joué la stabilité, on n’a pas voulu trop déstabiliser les auditeurs, en choisissant d’autres vedettes avec déjà des dizaines d’années de métier », regrette Myriam Ségal, faisant référence au remplacement de Joël Le Bigot par une autre voix bien connue, celle de Franco Nuovo, ou encore celui de Pierre Bruneau par Sophie Thibault au bulletin TVA Nouvelles de 17 h et 18 h.

« Le problème dans ces médias, renchérit Patrick White, c’est qu’on est toujours et uniquement à la recherche de vedettes, on va chercher des talents déjà établis, déjà dans le décor. Ce réflexe appauvrit la diversité en ondes et ne laisse pas de chance à la relève, plus jeune, de faire ses preuves. C’est vraiment dommage. »

Il applaudit néanmoins la volonté de Cogeco de mettre davantage les voix féminines en avant sur les ondes du 98,5 FM. Cet automne, Elisabeth Crête animera la matinale du week-end à la place de Paul Houde, Catherine Brisson sera à la barre d’une nouvelle émission culturelle les vendredis soir, tandis que Chantal Lamarre et Marie-Ève Tremblay deviendront des collaboratrices régulières.

« Qui sait ? Tous les remplacements n’ont pas encore été annoncés. On peut encore espérer une plus grande diversité des voix, plus de femmes, plus de jeunes aussi. On verra », insiste Patrick White.

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