VICE Québec : le leader d'Atalante blanchi

Raphaël Lévesque a été acquitté mardi d’introduction par effraction, de méfait, d’intimidation et de harcèlement.
Le leader du groupe de droite identitaire Atalante était mis en cause après être entré, le 23 mai 2018, dans les locaux du média VICE Québec, fermés depuis. Accompagné d’hommes masqués, il avait remis le prix « Média poubelle 2018 » au journaliste Simon Coutu, aujourd’hui reporter à Radio-Canada. Pendant qu’il tendait ledit prix, ses compères lançaient des tracts et des nez de clowns au son de la chanson thème du jeu télévisé The Price is Right. Raphaël Lévesque avait été arrêté le mois suivant.
Le procès s’est déroulé 9 au 12 décembre dernier, au palais de justice de Montréal. Une des grandes questions alors débattues avait été l’intention de l’accusé.
L’avocat de la défense, Me Mathieu Corbo, avait beaucoup insisté sur le sourire persistant de son client au moment des événements. Une preuve, selon lui, du désir de faire une blague, et de passer un bon moment, plutôt que de terrifier le récipiendaire du trophée.
« Même la réceptionniste de VICE a dit qu’il avait le sourire et qu’elle a vu ses grils, ses dents en or », avait-il évoqué en cour, répétant qu’il n’y avait eu « aucun cri, aucune insulte, pas de vulgarité, pas de confrontation » durant les quelques dizaines de secondes qu’ont duré les faits.
Liberté d’expression
Le procès avait été marqué de moments émouvants, et de déclarations colorées. La juge Joëlle Roy avait notamment affirmé au Procureur de la Couronne, Me Jimmy Simard, qu’elle n’était « pas un dinosaure » lorsque ce dernier lui avait parlé du fonctionnement de Facebook. Elle avait également offert une allégorie impliquant Jack Nicholson, Martin Scorsese et The Departed.
Simon Coutu avait notamment témoigné, de son côté, du caractère sacré que comporte pour lui une salle de rédaction. Et qui ne devrait pas être entaché.
Le jugement à l’oral rendu mardi a néanmoins blanchi Raphaël Lévesque des quatre chefs d’accusation qui pesaient sur lui.
Comme le rapporte Le Journal de Montréal, la juge Roy a précisé que, selon elle, le meneur d’Atalante « n’avait fait qu’exprimer sa liberté d’expression ». Elle aurait toutefois souligné que sa décision ne représentait pas une licence « pour reproduire de tels agissements », et que « la ligne est parfois ténue entre incivilité et acte criminel ».
Le jugement, qui nécessitait des rectifications avant parution, « sera publié sur la page de la Société québécoise d’information juridique lorsque la juge l’aura corrigé », a indiqué Me Corbo. Il devrait être disponible d’ici quelques jours.
Notons que sur son site, Atalante se présente comme « le mouvement de la jeunesse nationaliste au Québec ». L’organisation affirme œuvrer « pour la longue durée du peuple canadien-français » et lutter « contre le mondialisme nivelant et ses valets (banques, partis politiques, lobbies, haute finance…) qui rêvent d’une planète marché mondial peuplée de consommateurs déracinés ».