Une agence Télé-Québec, pour combler les déserts d’information

L'idée d'une agence entièrement financée par l’État qui assurerait une couverture régionale sera présentée à la Commission sur l’avenir des médias.
Photo: Mihajlo Maricic iStock L'idée d'une agence entièrement financée par l’État qui assurerait une couverture régionale sera présentée à la Commission sur l’avenir des médias.

C’est jeudi que Marc-François Bernier, professeur de communication et de journalisme à l’Université d’Ottawa, proposera à la Commission sur l’avenir des médias de créer l’agence Télé-Québec. Cette idée de plateforme, sur Internet seulement, entièrement financée par l’État, assurerait une couverture en journalisme régional dans les territoires actuellement à découvert. À la fois agence de presse, qui fournirait les médias écrits en nouvelles régionales, et plateforme d’information directement accessible pour le grand public, cette agence, croit M. Bernier, assurerait l’indépendance des journalistes, diversifierait l’offre de nouvelles et, surtout, comblerait le manque d’informations régionales et locales.
 

« Je ne voulais pas répéter ce que tout le monde va dire à la Commission et avec lequel je suis d’accord », explique en entrevue M. Bernier. « J’ai voulu plutôt sortir un peu de l’orthodoxie, en ajoutant à l’offre ; et que cette offre puisse aussi aider les médias, en plus des aides publiques actuellement discutées, tout en aidant également le public à s’informer. »

Ça aiderait les médias actuels, qui pourraient reprendre gratuitement les articles, à avoir une dimension plus régionale

Cette agence Télé-Québec serait donc une agence d’État, financée par des fonds publics, qui passerait par l’actuelle Télé-Québec. « On voit ailleurs dans le monde qu’on peut avoir de l’information publique d’excellente qualité financée par un État — regardez la Norvège et la Suède. C’est moins valorisé en Amérique du Nord. Mais le fait de travailler pour un média qui n’a pas besoin de pub, on ne se le cache pas, favorise l’indépendance politique et économique des journalistes. » Car cette plateforme serait sans pub, aussi pour ne pas aller puiser dans les revenus des médias qui existent déjà.

« Ça aiderait les médias actuels, qui pourraient reprendre gratuitement les articles, à avoir une dimension plus régionale. Peut-être pas dans l’édition papier, où l’espace est limité, mais certainement sur Internet. »

Une trentaine de journalistes alimenterait la plateforme, assignée aux territoires les moins bien servis en information. « Il faudrait faire une cartographie des régions où il n’y a pas de salle d’information, ou peu, et bonifier la présence médiatique. Mettre des journalistes en Abitibi, dans le Bas-Saint-Laurent, en Beauce, et même dans des endroits qui sont un peu arrosés par Le Journal de Québec ou La Tribune », explique l’ancien journaliste, qui ne s’est pas avancé jusqu’à définir le cadre financier nécessaire à la réalisation de son idée.

Ne serait-ce pas une compétition pour l’agence de presse La Presse canadienne (PC) ? M. Bernier ne croit pas. « L’agence Télé-Québec s’ajouterait. Actuellement, même PC n’a ni les moyens, ni les ressources pour aller couvrir de façon régulière les événements qui se passent dans les régions. Elle reste concentrée sur les grandes villes. Le but, c’est d’ajouter du contenu journalistique à haut indice d’octane démocratique, et surtout d’aller dans des régions qui sont des déserts médiatiques, qui n’ont pas de quotidien, qui manquent de médias et de couvertures. » M. Bernier ne voit d’ailleurs pas de concurrence « là où il n’y a pas duplication. Quand il y a plus d’un média qui couvre un événement, c’est une bonne chose, ça fait pour moi partie d’un modèle de pluralité. »

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