Refonte numérique à «L’actualité»

Le site Web proposera un accès plus souple qu’avant.
Photo: Olivier Zuida Le Devoir Le site Web proposera un accès plus souple qu’avant.

Dans l’espoir de monnayer ses contenus et d’augmenter ses abonnements en ligne, le magazine L’actualité vient de renouveler l’interface de son site Web et d’y installer un mur payant. Mais ce n’est là que « la partie apparente d’un vaste projet de transformation numérique », raconte le rédacteur en chef de la publication, Charles Grandmont.

L’actualité, qui a effectué une refonte de son édition papier il y a environ un an et demi, s’est attaquée à la révision de son site Internet, qui offre désormais un accès plus efficace à ses contenus numériques et aux articles du magazine. L’internaute pourra consulter gratuitement deux articles par mois, avant d’être invité à s’abonner selon une formule plus souple qu’avant — on peut payer 3,99 $ pour un seul mois en ligne, par exemple. « On a décidé de mettre en place une solution qui laisse la porte ouverte aux lecteurs à venir chez nous, à goûter à certains de nos contenus, ce qui peut les inciter, s’ils développent un appétit pour davantage de contenus, à s’abonner de façon flexible et non contraignante », résume Charles Grandmont.

L’actualité possède grosso modo deux types de lecteurs en ligne, explique le rédacteur en chef. D’un côté, il y a les « occasionnels », qui visitent le site une fois ou deux par mois, et de l’autre, « un noyau très fort » d’internautes qui reviennent plusieurs fois par mois. « L’idée, c’est de dire à ces lecteurs qui viennent fréquemment sur le site qu’on a besoin de leur soutien. Si vous aimez nos contenus, abonnez-vous. »

En février, des articles de La Presse puis du Devoir avaient montré que L’actualité,une propriété de MishMash Média, avait été ébranlée par une baisse du tiers de sa subvention du Fonds canadien des périodiques et par la chute du marché publicitaire. Le contexte économique reste fragile pour la publication, et cette refonte Web s’inscrit dans cette trame. « Il faut inventer de nouvelles façons de pérenniser notre média », résume M. Grandmont. La mise en place d’un mur payant, « ce n’est pas parce qu’on veut s’enrichir, illustre-t-il. On sait tous que le modèle d’affaires des médias n’en est pas un avec de très fortes marges bénéficiaires, bien au contraire. [L’idée] est aussi d’envoyer le message aux gens que l’information a une valeur. » Selon les attentes de Charles Grandmont, la démarche n’aura pas un impact instantané sur les revenus de L’actualité. « Du jour au lendemain, le nombre d’abonnés de L’actualité ne doublera pas, mais ça va ajouter un moteur supplémentaire pour nous propulser vers l’avant. »

Un nouveau squelette

 

Derrière ces modifications à Lactualité.com, il y a une plus vaste refonte des infrastructures de gestion de l’entreprise médiatique, souligne M. Grandmont. Jusqu’à récemment, l’imprimé était au coeur de toutes les façons de faire, et il était difficile pour le magazine d’évoluer en ligne avec les anciennes méthodes. « L’imprimé demeure important, mais c’est une plateforme de diffusion à laquelle viennent par exemple s’ajouter le Web, les podcasts, les infolettres. Pour être capable de gagner davantage en agilité et d’offrir une expérience plus globale à nos abonnés, il fallait complètement changer cette infrastructure-là. »

L’idée, c’est de dire à ces lecteurs qui viennent fréquemment sur le site qu’on a besoin de leur soutien

 

L’actualité n’a rien trouvé comme produit déjà existant sur le marché et a donc créé à l’interne son propre système, avec l’aide d’une start-up montréalaise, Pelcro, fondée par des étudiants de l’Université McGill. Le nouveau squelette sur lequel repose L’actualité permet donc de gérer le mur payant, les contenus en ligne, les abonnements et la livraison de la version imprimée, qui se rend à quelque 70 000 adresses — ils sont près d’un million par mois en ligne. Une bonne partie des coûts engendrés par cette mutation a été payée par le « programme d’aide à l’adaptation numérique des entreprises de la presse d’information écrite », mis en place par le Québec en 2018. Dans la refonte, toutefois, « un ou deux postes » ont été abolis, confirme M. Grandmont.

Parmi les avantages du nouveau système de L’actualité, le rédacteur en chef mentionne la capacité à mieux mesurer les intérêts et les besoins des lecteurs et à découvrir « des angles morts ». Avec, à la clé, des données précises pour « être plus stratégiques que jamais sur où on met les sous qu’il nous reste, explique Charles Grandmont. On me demande souvent comment ça va à L’actualité, avec une petite pointe d’inquiétude dans la voix. Parce qu’on sait bien que le monde des médias, de la presse écrite surtout, traverse une crise profonde créée par l’aspiration des revenus publicitaires par les géants américains. Les médias n’ont jamais eu aussi peu d’argent pour accomplir leur mission. »

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