Pierre Landry, nouveau diapason musical de CHOM

Ce qui est bien quand on syntonise la station de radio montréalaise CHOM, au 97,7 FM, c’est qu’on sait exactement ce qu’on va y entendre. Le problème… c’est qu’on sait aussi un peu trop ce qu’on va y entendre. Et Pierre Landry, qui vient d’être nommé nouveau directeur musical de la station consacrée au rock, a envie d’élargir la variété des titres diffusés.
Animateur déjà chevronné, Pierre Landry a commencé à travailler à CHOM à l’automne 2014, le temps de quelques remplacements au micro qui sont devenus plus réguliers avec les mois. Déjà depuis novembre, le Néo-Brunswickois effectuait de la programmation musicale pour le 97,7 FM, mais aussi pour d’autres postes de Bell, comme Énergie et Boom, ce dernier diffusé en Montérégie. Pierre Landry remplace donc depuis mercredi Picard, le précédent directeur musical, parti il y a quelques mois. La station a subi depuis quelque temps des mises à pied et du mouvement de personnel.
Parmi ses chantiers, en harmonie avec un désir déjà avoué de la station, Pierre Landry veut que son antenne diffuse une plus grande variété de chansons des artistes chéris de la station. En gros, pourquoi se restreindre à faire jouer toujours les trois ou quatre mêmes titres des Beatles, des Rolling Stones, de Pink Floyd, de Metallica, de Nirvana ou de Led Zeppelin ?
On encourage la scène locale, et ça, ça ne change pas. On a une ville musicalement riche, on veut encourager ce qui sort de notre cour.
« CHOM est une radio qui est bientôt là depuis 50 ans, ce qui veut dire que le carré de sable dans lequel on se trouve est quand même assez grand, dit Pierre Landry. Et mon feeling, c’est qu’on avait un peu restreint les “classiques” de nos artistes phares. On s’entend que peu importe la chanson des Beatles qu’on va faire jouer, elle va être immédiatement identifiable. »
Par exemple, pourquoi ne pas faire jouer Day Tripper au lieu de la sempiternelle Hey Jude ? Personne ne se sentira en détresse devant son appareil radio. Au contraire, croit Landry, soulignant que plusieurs auditeurs ont exprimé leur plaisir à redécouvrir certaines pièces des grands noms du classic rock si cher à CHOM.
« On prend ça comme un feed-back direct comme quoi on va peut-être dans la bonne voie avec cette plus grande variété. Parce qu’on finit par les brûler, à tout le temps les jouer. On le voyait quand, par exemple, on jouait trop Bohemian Rhapsody de Queen, les gens le savent et nous disent : “En passant, Queen a plus qu’une seule toune !” Il faut réajuster ce tir-là. »
Pour auditeurs passionnés
Pierre Landry connaît bien la musique. Déjà, au secondaire, à la radio étudiante de son école, il montait des listes de lecture musicale le midi. Il a été de la genèse du projet Bande à part à Radio-Canada, avant d’osciller entre la radio (à la défunte COOL FM, à Radio-Canada franco et anglo) et la télé (à Musique Plus, TVA et TQS).
Sans avoir jamais été directeur musical, il a souvent eu à réfléchir la musique, en quelque sorte. « Ce n’était pas nécessairement un plan de carrière, mais je me rends compte avec le recul qu’au fond je l’ai quasiment toujours fait, anyway. [Avec le poste], les paramètres changent un peu, je vais être un peu moins en ondes, c’est un changement de responsabilités. »
Landry a en haute estime les auditeurs de CHOM, qui selon lui ont vraiment la station à coeur. « Ce sont des passionnés de musique, les anecdotes qu’on raconte en ondes, ils s’en souviennent. Il y a une relation avec les auditeurs que j’ai rarement vue ailleurs. »
Ce qui, jusqu’à un certain point, lui donne une grande liberté dans la programmation musicale, estime-t-il. « Si on décide de diffuser une toune de 10 minutes de Genesis, on sait pertinemment qu’on ne va pas perdre le monde. Ce n’est pas toutes les radios qui peuvent se permettre ça. On est dans une ère où une toune de 3 minutes et demie, c’est quasiment trop long, et où on essaie de bourrer le plus de hits possible. Il y a une certaine liberté qui existe encore à CHOM, qu’on voit peut-être de moins en moins en radio commerciale. »
L’art de la programmation
Sous sa direction, Pierre Landry veut que la station continue d’équilibrer les vieux classiques, les pièces rock des années 1990 et les pièces actuelles. « On encourage la scène locale, et ça, ça ne change pas, insiste Landry, en donnant l’exemple des groupes The Damn Truth, Half Moon Run et même plus récemment Grimskunk. On a une ville musicalement riche, on veut encourager ce qui sort de notre cour. »
Et comment approche-t-il l’art de la programmation ? « On pense à la voiture, au moment de la journée, au contexte — dans un monde parfait, on programmerait en fonction de la météo ! Mais aussi, des fois, c’est instinctif. On crée des microclimats, des ambiances », lance Landry.