Alexandre Taillefer présente le nouveau visage du magazine «L’actualité»

Au beau milieu de la crise des médias engendrée par la révolution numérique, le nouveau propriétaire du magazine L’actualité, Alexandre Taillefer, fait le pari de miser d’abord et avant tout sur le papier. C’est ce qu’il a annoncé mercredi à Montréal, en même temps qu’il rendait public le nouveau format du magazine, en compagnie de son rédacteur en chef Charles Grandmont. Rappelons que L’actualité, fondée en 1976 par Jean Paré, a été rachetée en décembre 2016 par Alexandre Taillefer du groupe Rogers auquel elle appartenait.
En plus de recruter de nouveaux collaborateurs, dont Marie-France Bazzo et Claudia Larochelle, entre autres, L’actualité explore résolument de nouvelles avenues. Elle proposera notamment une série de conférences, dont les premiers thèmes seront les obstacles à l’avancement des femmes en entreprise, la surcharge mentale qui rend distrait et improductif, et la révolution provoquée par l’intelligence artificielle. L’actualité innove par ailleurs en proposant à des touristes potentiels de se rendre sur le terrain en compagnie de journalistes chevronnés, avec la collaboration de l’agence de voyages Uniktours. On propose donc de visiter Israël et la Palestine en compagnie de Ginette Lamarche, ou encore l’Afrique du Sud avec Lucie Pagé.
Retour à la publicité papier
L’actualité s’allie par ailleurs au magazine Voir, qui est également la propriété d’Alexandre Taillefer, pour la rédaction de son agenda culturel. Le plus récent numéro de L’actualié montre une photo de Xavier Dolan en page couverture et porte le titre : Changer le monde avec Xavier Dolan et 12 autres Québécois d’exception. Le magazine se dit désormais d’« extrême centre », ouvert à une multitude de points de vue, et Alexandre Taillefer assure qu’il y aura indépendance journalistique de la salle de rédaction.
M. Taillefer a amorcé le dévoilement de son nouveau produit en mentionnant que plusieurs annonceurs décident de retourner à la publicité en papier après avoir constaté que la publicité sur Internet stimulait moins la consommation chez les lecteurs. Alexandre Taillefer se propose par ailleurs de faire profiter un bassin potentiel d’annonceurs de la relation privilégiée que les lecteurs de L’actualité entretiennent avec leur média.
Par ailleurs, il est clair que la nouvelle mouture de L’actualité s’appuiera davantage sur les revenus provenant des abonnements que sur les revenus publicitaires, qui sont en chute dans tout le monde médiatique, dit-il. À l’heure actuelle, les revenus proviennent environ à 70 % des abonnements et à 30 % de la publicité, selon M. Taillefer. L’actualité n’a pas fait de campagne publicitaire depuis son changement de main et compte présentement quelque 90 000 abonnés.
Le magazine sera désormais publié mensuellement, et se dégagera donc de l’actualité immédiate. Il comptera 50 % plus de pages qu’autrefois. Selon Alexandre Taillefer, les lecteurs de L’actualité ont besoin de sortir de la dictature du clic et de lire plus longtemps que cinq lignes ou les 140 caractères de Twitter. Le public doit par ailleurs être renseigné en profondeur pour mieux comprendre la société québécoise. Les joueurs du monde des médias ne sont pas si nombreux à viser ce créneau, dit-il. Reste que le dernier numéro de L’actualité présente un lot important de textes passablement courts.