Les fuites dans les médias frustraient Coderre

Le maire Coderre a rappelé que c’était la troisième fois que ses informations personnelles se retrouvaient entre les mains de journalistes.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le maire Coderre a rappelé que c’était la troisième fois que ses informations personnelles se retrouvaient entre les mains de journalistes.

Le maire Denis Coderre a admis avoir « pété une coche » le 17 décembre 2014 lorsqu’il a appris qu’un journaliste avait obtenu copie de son constat d’infraction reçu en 2012. Devant la commission Chamberland lundi, le maire a rappelé que c’était la troisième fois que ses informations personnelles se retrouvaient entre les mains de journalistes. Il a dit ne pas regretter d’avoir appelé directement le chef de police Marc Parent pour se plaindre des fuites.

« La coche, je l’ai pétée le 17 [décembre 2014]. […] C’était rendu grave. On laisse sous-entendre que peut-être qu’il y a eu trafic d’influence. J’ai appelé M. Parent pour ventiler. Je me suis défoulé, a expliqué le maire Coderre. J’étais en beau maudit et je lui ai dit que je n’étais pas content. »

« Je n’ai fait aucune demande d’enquête », a toutefois soutenu M. Coderre, qui affirme n’avoir eu aucune attente : « Ce n’est pas aux élus à demander une enquête. Je suis tout à fait d’accord qu’il faut être prudent quand on parle à un policier. » M. Coderre maintient cependant que le directeur du SPVM était la bonne personne à qui parler ce jour-là.

Trois fuites

 

Le maire a raconté que ces événements étaient survenus dans un contexte de relations de travail tendues avec les policiers. Le fait que les informations divulguées dans les médias provenaient de sources policières est l’élément qui l’a choqué le plus.

Denis Coderre a évoqué les deux fuites survenues avant l’affaire du constat d’infraction que le journaliste de La Presse Patrick Lagacé a obtenu. La première concernait le recours aux policiers pour l’escorter au spectacle de Corey Hart et la seconde, un constat d’infraction qu’il avait reçu en 2014 à Laval et que le président de la Fraternité des policiers, Yves Francoeur, a brandi en marge d’une rencontre avec l’ex-ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, sur les régimes de retraite. « J’ai vu ça comme une méthode d’intimidation, a dit le maire. Comme par hasard, il y a eu un reportage le 3 décembre [2014]. »

J’étais en beau maudit et je lui ai dit [au chef Marc Parent»] que je n’étais pas content

 

Denis Coderre a affirmé n’avoir appris qu’en novembre 2016 l’existence de l’enquête concernant son constat d’infraction de 2012: « Je crois à la liberté de presse. S’il y a eu de l’espionnage, c’est inacceptable ».

Le maire estime qu’il a bien agi en communiquant directement avec Marc Parent. « Quand on touche au maire de Montréal, à l’institution et/ou à sa famille, c’est normal qu’il puisse appeler le directeur de police, a-t-il expliqué. Le maire et le citoyen, c’est la même personne. […] Avoir une proximité ne signifie pas de faire de l’ingérence dans les opérations et les enquêtes. »

Plus tôt en matinée, sa directrice des communications, Catherine Maurice, avait affirmé que si le maire devait appeler le service 911 pour signaler un événement le concernant, l’information se retrouverait sur Internet dans les 30 minutes suivantes. « Peut-être moins », a renchéri le maire Coderre, qui ne regrette pas d’avoir appelé le chef de police.

Le maire excédé

 

Catherine Maurice a pour sa part décrit la séquence des événements survenus quelques jours après son arrivée en poste comme attachée de presse du maire en décembre 2014. Elle a confirmé que le maire Coderre était excédé lorsqu’il a appelé le chef de police Marc Parent. « C’est la troisième fois… tabarnak », a dit le maire à M. Parent, a relaté Mme Maurice.

Le conseiller de Projet Montréal Alex Norris continue de croire qu’il était totalement inapproprié pour le maire d’appeler directement le directeur du SPVM. « Le maire Coderre ne semble pas comprendre le principe de séparation des pouvoirs. Quand le maire appelle le chef de police, qu’il est colérique et qu’il sacre, le message est clair. C’est un message autoritaire. » Le maire est un citoyen comme les autres. S’il a une plainte à déposer, il devrait le faire à son poste de quartier, a fait valoir M. Norris.

La commission reprendra ses travaux jeudi.




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