«Je vais poser pas mal plus de questions», dit Pichet

Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Philippe Pichet
Photo: Commission Chamberland Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Philippe Pichet

Après avoir admis devant la commission Chamberland qu’il n’avait pas été informé que le mandat de surveillance concernant le journaliste Patrick Lagacé avait été renouvelé plusieurs fois, le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Philippe Pichet, a avoué que les choses devront se passer différemment à l’avenir.

« Il va falloir mettre en place des mécanismes de suivi plus importants », a expliqué M. Pichet devant les médias, à sa sortie de témoignage à la Commission d’enquête sur la protection de la confidentialité des sources journalistiques. « Je vais poser pas mal plus de questions. »

Pendant la suite du contre-interrogatoire des hauts gradés du SPVM, mercredi, l’avocat Christian Leblanc, qui représente plusieurs médias, a longuement questionné M. Pichet sur ce qu’il savait des mandats de surveillance du policier Fayçal Djelidi et du journaliste de La Presse Patrick Lagacé. S’il était au courant du mandat initial, lancé le 19 janvier 2016, le directeur a dit qu’il ignorait que le mandat avait été renouvelé à plusieurs reprises, jusqu’en mai de la même année.

Lors du troisième renouvellement, en date du 15 mars 2016, les enquêteurs du SPVM élargissent la portée du mandat, afin que soit obtenu en temps réel le nom des gens surveillés. « Vous le saviez ? » a questionné Me Leblanc. « Non », s’est contenté de dire Philippe Pichet. Même constat au 4e renouvellement, où une demande de géolocalisation a été ajoutée. « On me l’a dit à un moment donné, a expliqué M. Pichet. Quand on m’a dit qu’on avait demandé un GPS, j’ai demandé pourquoi. On m’a dit que, quand on fait une demande, ça venait avec, mais qu’on ne l’avait pas activé. »

Me Leblanc a porté à l’attention de M. Pichet que, dans les jours qui ont précédé la demande de mandat de surveillance sur Patrick Lagacé, quatre différents articles ont été publiés par des médias, mais aucun par le journaliste au coeur de l’affaire. Le directeur du SPVM a expliqué « qu’il y avait peut-être des informations qui peuvent se partager entre eux ».

Aviser un journaliste

 

En après-midi, les hauts gradés de la Sûreté du Québec sont aussi venus poursuivre leur contre-interrogatoire, commencé lundi. Le directeur Martin Prud’homme a dû justifier le fait qu’il n’avait pas avisé le journaliste Nicolas Saillant du Journal de Québec qu’il avait été la cible de surveillance.

« Je savais qu’on avait demandé une enquête interne, qu’il y avait l’arrivée de la Commission », a expliqué M. Prud’homme, qui a aussi dit avoir contacté la sous-ministre de la Sécurité publique, Liette Larrivée. « J’attendais les indications de ma patronne », a-t-il ajouté.

Le directeur Prud’homme a aussi révélé que le cas du journaliste Nicolas Saillant faisait partie d’un « dossier d’entrave », sans pouvoir en dire plus. Il a expliqué que ce n’était pas un cas très médiatisé. « Je ne connaissais pas le journaliste, je ne connaissais pas son nom, mais ce n’était pas un manque d’intérêt » envers les enjeux de surveillances journalistiques.

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