Confidentialité des sources: des journalistes réclament une loi fédérale

Patrick Lagacé, Ben Makuch et Mohammed Fahmy, ainsi que le directeur exécutif de Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Tom Henheffer ont réclamé une loi afin de protéger les sources confidentielles des journalistes.
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne

Patrick Lagacé, Ben Makuch et Mohammed Fahmy, ainsi que le directeur exécutif de Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Tom Henheffer ont réclamé une loi afin de protéger les sources confidentielles des journalistes.

Le premier ministre Justin Trudeau, qui s’est présenté comme un défenseur de la liberté de la presse, doit joindre la parole aux actes et légiférer afin de protéger les sources confidentielles des journalistes.
 

C’est ce qu’ont réclamé mercredi en conférence de presse au parlement trois journalistes qui ont vu cette liberté entravée, Patrick Lagacé, Ben Makuch et Mohammed Fahmy, ainsi que le directeur exécutif de Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Tom Henheffer.
 

En conférence de presse au parlement, ils ont formulé trois recommandations « simples » à l’endroit du fédéral. La première consiste en l’adoption d’une loi « bouclier » pour faire en sorte que les journalistes n’aient pas l’obligation de révéler leurs sources confidentielles.
 

« Presque toutes les démocraties occidentales se sont dotées de telles lois, des États-Unis au Royaume-Uni en passant par l’Allemagne et l’Australie. Le Canada doit faire son entrée dans le XXIe siècle et mettre ces protections sur pied », a tranché M. Henheffer.

 

Les libéraux ne semblent pas avoir l’intention d’emprunter la voie législative. En mêlée de presse, mercredi, le secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique, Michel Picard, a lâché que « pour l’instant il n’y a pas lieu d’adresser ce problème-là qui n’existe pas chez nous ».
 

Par ailleurs, selon lui, le gouvernement « agit » déjà « dans la mesure où premièrement d’un côté il est clair que le travail des journalistes et la liberté d’expression et le travail d’enquête des journalistes est une valeur qu’on n’a pas envie de toucher ».

Enquête publique

En plus de légiférer, le gouvernement doit revoir la façon dont les mandats de surveillance sont accordés et d’abroger des éléments d’une loi fédérale sur la cyberintimidation qui abaissent le seuil de la preuve requise pour l’obtention de mandats, ont plaidé les quatre hommes.

Ils estiment aussi qu’une enquête publique fédérale s’impose afin de déterminer si la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) ont épié des journalistes au cours des dernières années.

Car il y a fort à parier que les organisations fédérales ont eu recours aux mêmes tactiques, croit le chroniqueur Patrick Lagacé, qui a récemment appris avoir été espionné pendant des mois par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), en 2014 et en 2016.

« Je juge ça improbable, parce que si on se met du point de vue du policier, c’est un outil absolument formidable. […] Pensez-y : vous êtes un policier, ce que vous voulez, c’est fermer votre enquête. La liberté de la presse, vous vous en foutez un peu », a-t-il suggéré.

Le NPD avait déjà réclamé une enquête publique en mai dernier, lorsqu’on a appris que des enquêteurs de la GRC ont pris en filature les journalistes Joël-Denis Bellavance et Gilles Toupin, du quotidien montréalais La Presse, pendant neuf jours en août 2007.

Le Parti conservateur a joint sa voix à celle du NPD en novembre, après que tous les cas de journalistes québécois épiés par la police eurent défrayé la chronique. Le député Tony Clement a demandé au ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, « un examen sur la surveillance téléphonique de journalistes ».

Il y a environ deux semaines, le premier ministre Trudeau et le ministre Goodale ont affirmé qu’aucun journaliste ne faisait actuellement l’objet d’une surveillance policière.
 

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