Nouvelle charge contre le directeur général

Le litige repose sur un reportage du journaliste d’enquête Alain Gravel (notre photo) sur Claude Blanchet, le mari de la chef Pauline Marois.
Photo: Radio-Canada Le litige repose sur un reportage du journaliste d’enquête Alain Gravel (notre photo) sur Claude Blanchet, le mari de la chef Pauline Marois.

Alors que le noeud se resserre autour de la décision controversée du Conseil de presse du Québec (CPQ) mettant en cause un reportage d’Alain Gravel de Radio-Canada, Le Devoir a appris que le journaliste Daniel Renaud, membre du comité d’appel qui doit rejuger la décision de première instance, vient de démissionner pour d’autres motifs.

La lettre datée du 30 mars critique sévèrement le processus de traitement des plaintes au Conseil et particulièrement le rôle de son directeur général, Guy Amyot.

« [Je constate] que l’on cherche parfois à prendre les journalistes et les médias en défaut, à laver plus blanc que blanc, sans s’arrêter uniquement aux faits, et que le processus de traitement d’une plainte en appel peut être biaisé et partial, le rendant ainsi futile […] », écrit M. Renaud. Journaliste à La Presse, il représentait la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) au comité.

Cette lettre parle de causes antérieures au litige qui porte sur un reportage diffusé il y a tout juste un an, le 31 mars 2014, en pleine campagne électorale. Le journaliste d’enquête Alain Gravel y traitait de la participation au Parti québécois de Claude Blanchet, mari de la chef Pauline Marois. Deux dirigeants de firmes de génie-conseil y avançaient que M. Blanchet les avait sollicités pour recevoir des dons. Selon l’opinion d’une des deux sources confidentielles, le mari de la politicienne savait que les contributions se feraient selon le stratagème illégal du prête-nom.

«Situation particulière»

Le Conseil de presse, tribunal d’honneur de la profession journalistique, a blâmé RC pour l’utilisation d’une seule source, dite anonyme, dans une décision rendue à la mi-février. La riposte du diffuseur, déployée sur onze pages, reproche au CPQ de méconnaître les règles journalistiques et de ne pas avoir suffisamment documenté le cas jugé. Les procureurs de RC évoquaient aussi un possible conflit d’intérêts de la part de Guy Amyot, dont la soeur est directrice de cabinet de Stéphane Bédard, chef par intérim du PQ.

Le démissionnaire charge à son tour le directeur du CPQ, sans référer à l'affaire Gravel. « Alors que le terme conflit de loyauté est à la mode dans les médias, écrit Daniel Renaud dans sa lettre, cette situation est particulière lorsque l’on réalise que M. Amyot reçoit la plainte initiale, correspond avec les plaignants et les défendeurs, mène l’enquête sur la plainte, recueille les versions, rédige et oriente, avec son équipe, le premier projet de décision pour le comité de plainte, participe activement à la discussion du comité de première instance, prend part à la rédaction finale de la décision, accueille de nouveau la plainte en appel, prépare de nouveau le dossier, rédige de nouveau le projet de décision, participe de nouveau activement aux discussions du comité d’appel et prend part de nouveau à l’élaboration finale du jugement cette fois-ci sans appel. »

Le processus de révision de RC sera entendu comme prévu, explique au Devoir la présidente du CPQ, Paule Beaugrand-Champagne. M. Renaud sera remplacé au comité d’appel, tout simplement, dit-elle. L’instance compte six membres, dont deux, liés à RC, devront se retirer du processus pour ne pas se placer en conflit d’intérêts.

* Ce texte a été modifé le mercredi 1er avril à 12h14 pour expliquer que la démission de M. Renaud n'est pas liée à la cause de RC. 

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