Quel avenir pour «La Presse+»?

Photo: Le Devoir

Et maintenant, que faire de La Presse ? Gesca a transféré la propriété de ses six journaux régionaux à l’ex-ministre libéral Martin Cauchon, alors qu’adviendra-t-il de la pièce maîtresse restante ? La transaction sera officialisée le 23 mars.

Deux hypothèses se démarquent, soit le maintien au sein de l’empire Power Corp., soit la vente pure et simple, une fois la rentabilité atteinte.

Bell, grand rival de Québecor au Québec, semblerait l’acheteur le plus naturel, La Presse + fournissant du contenu pour les tuyaux du géant des télécoms. Le professeur Pierre C. Bélanger, spécialiste de l’économie des médias, n’y croit pas, tout simplement parce que selon lui le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) bloquerait la prise de contrôle.

« Bell ne peut pas acheter un journal parce que la compagnie est déjà présente en radio et en télé, explique-t-il au Devoir. Le CRTC a toujours dit qu’un même propriétaire pouvait avoir deux médias sur les trois. Bell devrait donc laisser aller un morceau, alors que la compagnie vient juste d’acquérir les chaînes Astral. La probabilité que Bell Média mette la main sur La Presse + me semble donc à peu près inexistante. »

D’accord. Reste à voir si La Presse, une fois complètement dématérialisée sans version papier, sera toujours considérée comme un journal.

Gesca, délestée de ses médias régionaux, peut aussi conserver son navire amiral. La mutation de La Presse en La Presse + a nécessité des dizaines de millions et elle ne semble pas encore rentable.

Pour renouer avec les profits, le nouveau média doit éliminer les coûts de l’impression et de la livraison en sortant complètement du papier. En même temps, Gesca, filiale de Power Corporation, peut miser sur l’exploitation à l’échelle nationale et internationale des logiciels originaux et autres patentes inventés pour La Presse +. Plusieurs brevets ont été obtenus. Le Toronto Star adoptera la nouvelle plateforme ce printemps.

L’éditeur Guy Crevier, grand manitou du virage numérique, affirme que chaque semaine, « des groupes de presse étrangers, européens ou américains » viennent à Montréal voir la merveille. Il a d’ailleurs annoncé la création d’une filiale dédiée à la vente de ses systèmes de gestion de contenu.

De toute manière, le démantèlement de Gesca ne brise pas certains liens entre les médias du groupe. Les six quotidiens vendus conservent des ententes de services, de représentation des ventes nationales, de technologies et d’échanges de textes pendant cinq ans, avec possibilité de renouvellement de l’entente.

À voir en vidéo