Le conflit étudiant selon Wikipédia

C’est la rançon médiatique de la gloire politicoludique. Anarchopanda, mascotte pacificatrice des grandes manifs étudiantes, a maintenant sa page sur l’encyclopédie libre en ligne Wikipédia.

Mieux : le texte existe en français, en anglais, en gallois, en portugais et en bon vieux latin : « Anarchopanda est persona partes in anni 2012 manifestationibus scholasticis Quebecensibus agens… ». Normal : un professeur de philosophie, passionné par l’antiquité, anime la peluche consolatrice.


Le réseau des articles de la Wiki plus ou moins liés au conflit s’enrichit de jour en jour. Sous « Cacerolazo » vient d’être ajoutée une explication sur les manifestations chaudronnées qui agitent le Québec depuis quelques jours.


Le plus imposant du lot encyclopédique, et de loin, s’intitule « Grève étudiante québécoise de 2012 ». Il présente le conflit, ses sources, son évolution comme les positions qui s’affrontent. L’article se déploie sur environ 75 000 mots.


Par comparaison, l’article sur la Crise d’octobre est dix fois moins long et celui sur la grande grève étudiante précédente, en 2005, environ huit fois moins volumineux. « Grève étudiante québécoise de 2012 » a été modifié plus de 1500 fois par des dizaines de bénévoles depuis sa première mise en ligne le 26 janvier 2012 à 18 h 18. La taille du document a depuis été multipliée par vingt-cinq. On y retrouve déjà environ 270 références.


Un avertissement placé en tête rappelle que le document « concerne un événement en cours » et que « ces informations peuvent manquer de recul et changer à mesure que l’événement progresse », y compris le titre. L’article présente différentes opinions au sujet du conflit, celles du gouvernement, des « verts » (contre la grève) ou des établissements d’enseignement par exemple.


La sous-section retraçant l’historique des tensions est jugée trop longue par l’encyclopédie elle-même. D’autres parties paraissent au contraire trop succinctes et peu équilibrées, dont le court paragraphe concernant les « personnalités publiques » liées au conflit. Les opinions des commentateurs vedettes (dont Richard Martineau, Stéphane Gendron et André Pratte) sont les seules alors vite esquissées.


Par ailleurs, Gabriel Nadeau-Dubois, coporte-parole de sa coalition d’associations étudiantes (la CLASSE), demeure le seul des quatre leaders étudiants à avoir son article wikipédiste. M. Nadeau-Dubois a aussi eu droit ce week-end à un article élogieux dans The Guardian, un des quotidiens les plus respectés du monde. On y apprenait qu’il reçoit plusieurs menaces de mort par semaine, ne prend plus le métro et se fait maintenant accompagner de gardes du corps.


Son compte personnel (@GNadeauDubois) totalisera bientôt près de 20 000 abonnés. C’est à peu près autant que Gilbert Rozon, le patron du Festival Juste pour rire et quatre fois plus de fidèles que l’animateur Paul Houde du 98,5 FM. Léo Bureau-Blouin, leader de la Fédération étudiante collégiale du Québec attire quelque 9200 abonnés. Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec en compte près de 7000. Anarchopanda, lui, attire plus de 3660 comptes. Il en suit neuf, dont celui de la police.

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