Trente d'un coup - Le Voir diffuse une masse de nouveaux blogues

Le média culturel Voir s'enrichit d'une trentaine de blogueurs d'un coup. La sélection comprend notamment l'humoriste Martin Petit, l'auteur-compositeur Martin Léon, le fondateur du Spornographe, Olivier Niquet, l'avocate Véronique Robert, les professeurs André Mondoux et Hervé Fisher de l'UQAM, l'économiste Martin Coiteux et l'éditeur Michel Vézina.

Voir.ca diffuse leurs textes. La plupart d'entre eux bloguaient déjà. Certains (comme l'essayiste Normand Baillargeon) se lancent dans l'aventure.

On prend la mesure de cette moisson de commentateurs indépendants en se rappelant que l'hebdomadaire compte une douzaine de chroniqueurs et ne diffusait jusqu'à maintenant qu'une poignée de blogues, notamment ceux de Josée Legault et Manon Dumais. La direction promet que la section «Blogues du Voir» comptera bientôt une cinquantaine de signatures.

«C'est un effet de la saga Huffington Post», confirme Simon Jodoin en entrevue au Devoir. En décembre, M. Jodoin, directeur du développement des nouveaux médias du Voir et du Hour, a dénoncé le fait que certaines personnalités québécoises (dont le député de gauche Amir Khadir) envisageaient de bloguer gratuitement pour le Huffington Post Québec (HPQ), un site en développement qui devrait être lancé prochainement. M. Jodoin s'offusquait de ce que le Huffington Post, un média américain en ligne appartenant à America Online (AOL), relaie des informations sans rémunérer leur production. La critique a été largement commentée et certains collaborateurs pressentis du HPQ ont finalement reculé.

«Je me suis demandé comment il se faisait que des gens voulaient faire du bénévolat pour AOL, continue M. Jodoin. On m'a ensuite reproché de ne pas leur offrir de tribune. C'est que ça ne me passait pas par la tête de demander aux gens de travailler sans être payés. On a donc trouvé une façon de faire différente en donnant les revenus publicitaires aux blogueurs.»

Les collaborateurs hébergés sont payés 5 $ par millier de pages vues. Un texte cliqué 10 000 fois rapporte donc 50 $ à son auteur. «On l'admet, ce n'est pas beaucoup, dit M. Jodoin. Mais dans le contexte actuel, c'est mieux que rien. [...] En plus, les collaborateurs enrichissent une plateforme culturelle québécoise.»

Les propositions de collaboration se sont multipliées au cours des dernières semaines, certaines suscitées, d'autres venues d'elles-mêmes. Le pool rassemble des inconnus et des vedettes, des gens de différents horizons idéologiques aussi, avec une seule obligation selon le directeur Jodoin: avoir une voix, un style et la volonté de s'exprimer.

«En quelques semaines, nous venons de créer une sorte de magazine, dit-il encore fièrement. Les gens sont très enthousiastes et super contents. Mais nous ne sommes pas dans une course à la quantité: nous visons la qualité.»

Le directeur Jodoin ajoute que la bonification de la section des «Blogues du Voir» ne découle pas du tout d'un sentiment de menace. «Jamais nous n'avons pensé que le Huffington Post venait jouer dans notre cour», dit-il.

Michel Vézina se joint au mouvement. Ancien chroniqueur du défunt hebdomadaire Ici maintenant sur Montrealexpress.ca, il se retrouve ainsi chez son ancien concurrent, et ce, sans rancune. «Simon m'a approché et j'ai été flatté par la demande, dit-il. Même si c'est très peu payé, c'est clair, et ce n'est pas AOL. Je vais aborder des sujets que je n'aborde pas dans la chronique hebdomadaire. Je vais par exemple déconner sur un match de hockey ou parler de la nomination de Pierre Assouline et Philippe Claudel sur le jury du prix Goncourt. J'espère écrire tous les jours. Sur un blogue, il faut fournir.»

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