Ici radio-bouchon

Il faudrait déployer un tas de moyens pour désengorger le réseau de transport dans la région métropolitaine: des trams, une navette vers l'aéroport, des trains de banlieue, de nouvelles pistes cyclables, des autoroutes du XXIe siècle, des voies réservées, de nouvelles lignes de métro, peut-être encore plus de ponts et même un TGV, pourquoi pas? On peut rêver.
En attendant, et très concrètement, le ministre des Transports Sam Hamad a officiellement sorti de son coffre à outils d'urgence la nouvelle station Radio Circulation 730. Elle ne servira qu'à une seule chose: renseigner les voyageurs coincés dans les bouchons... sur les bouchons, tout en leur proposant des voies de rechange, quand il s'en trouvera, évidemment. La nouvelle chaîne, inspirée du modèle étranger des radios routières et autoroutières, appartient au groupe Cogeco.«Le but, c'est de permettre aux citoyens de planifier leur itinéraire et, en route, c'est d'apprendre s'il se trouve des entraves, par exemple, pour prendre les décisions qui s'imposent, dit le ministre Hamad. Ça faisait partie de notre plan pour réduire les impacts de la congestion à Montréal, un investissement de 110 millions que nous avons annoncé récemment.»
Il ajoute que la somme injectée dans Radio Circulation correspond à un quart pour cent (0,25 %) de l'ensemble des investissements dans les infrastructures routières dans la région de Montréal. Québec, par l'entremise du ministère des Transports et de la Société de l'assurance automobile, fournit 1,5 million de dollars par année à la chaîne sous la forme de contrats publicitaires, une enveloppe que Richard Lachance, vice-président à la radio de Cogeco Diffusion, refuse catégoriquement d'assimiler à une subvention, déguisée ou pas.
Le dirigeant de Cogeco assure que ces liens d'affaires ne vont pas influencer le contenu de la nouvelle chaîne. En clair: même si le ministère des Transports fournit des fonds, Radio Circulation ne se gênera pas pour faire du travail journalistique neutre et objectif en couvrant les problèmes et les solutions.
«Nous sommes une radio de faits, dit M. Lachance. Point à la ligne. S'ils sont désagréables, tant pis. S'ils sont bons, tant mieux. Nous maintenons notre entière indépendance. Parce que, si on n'est pas indépendant, les clients ne nous écouteront pas.»
M. Hamad ajoute que cette nouvelle venue ne veut pas concurrencer ce que font déjà les autres chaînes. «C'est comme Météo Média, qui n'empêche pas les autres télés de parler de météo, dit-il. Ici, on fait de l'information en continu. On permet d'obtenir de l'information à 1h, à 2h ou à 11h.»
Pendant anglophone
Radio Circulation occupe l'indicatif de l'ancien CKAC sur la bande AM. Le vieux 730 a été euthanasié la semaine dernière. Sa remplaçante est entrée en ondes tôt hier matin.
Les animateurs relaient les informations qui leur parviennent de centaines de caméras réparties sur tout le territoire. Au moment du passage du ministre, en fin de matinée, la circulation filait sans problèmes sur toutes les images. Le problème vient principalement des heures de pointe et des abords de certains chantiers.
Cogeco souhaite lancer au plus vite un pendant anglophone à Radio Circulation 730. Cette mutation exige une modification de la licence accordée par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Le CRTC tiendra des audiences pour les fréquences 690 et 940 AM en octobre. Par contre, la transformation de CKAC n'a pas nécessité une modification de sa charte.
«Les termes de la licence du 730 nous permettaient de faire cette transformation, explique le vice-président Lachance. Nous pouvons faire toute espèce d'informations. Maintenant, ce sera de l'information routière au lieu de l'information sportive.»
Radio ou pas, les journalistes ont rappelé hier au ministre des Transports que la matinée avait encore été pénible sur les routes. «Il faut être réaliste, on ne réglera pas la congestion demain matin à Montréal, a répondu le ministre Hamad. Malheureusement, la congestion va demeurer. Il est important de diminuer ses impacts avec des mesures en faveur du transport en commun et pour les automobilistes. Notre stratégie, c'est de les informer davantage, de leur permettre de planifier et d'avoir de l'information sur la route.»