Première Chaîne - Duceppe se retire et Languirand, retiré des ondes, attire des appuis

La page Facebook «Appui inconditionnel à Jacques Languirand» cumulait déjà plus de 6000 adeptes hier soir.
Photo: - Le Devoir La page Facebook «Appui inconditionnel à Jacques Languirand» cumulait déjà plus de 6000 adeptes hier soir.

Tandis que la suspension de l'animateur Jacques Languirand, qui a vertement insulté ses collègues de Radio-Canada, stimule les réactions de sympathies dans les réseaux sociaux, Gilles Duceppe refuse finalement de s'aventurer comme chroniqueur à la radio de Radio-Canada, un engagement qui suscitait de vives critiques.

Seulement, ceci n'explique pas cela: l'ancien chef indépendantiste se retire de la société d'État fédérale parce que son contrat ne lui plaisait tout simplement pas. Le communiqué de l'entreprise parle d'un «malentendu sur la nature de son mandat».

Selon cette source, l'équipe de la nouvelle émission Médium large, animée par Catherine Perrin, aurait d'abord proposé à M. Duceppe de traiter «en toute liberté» de sujets liés à la culture, à la science ou au sport. Le chef démissionnaire du Bloc québécois préférait parler actualité et politiques publiques.

Or, le code déontologique de Radio-Canada exige un délai de deux ans avant d'engager comme commentateur de «débats publics» une personne venant de quitter la politique active, ce dont M. Duceppe n'aurait été informé qu'après le début des négociations avec l'équipe de la nouvelle émission. D'où le malentendu et le retrait de la vedette.

Cette volte-face fera plaisir aux opposants à son embauche, pour d'autres raisons, notamment au Canada anglais où l'annonce du recrutement du chef indépendantiste par l'entreprise fédérale a suscité un tollé au cours des deux derniers jours. Des chroniqueurs du Québec francophone en ont rajouté.

Le magazine socioculturel Médium large, diffusé du lundi au vendredi de 9h à 11h, à compter de la semaine prochaine, comptera une dizaine de chroniqueurs réguliers. L'animatrice Catherine Perrin elle-même avait annoncé par l'entremise de Twitter l'engagement de M. Duceppe, après la conférence de presse de dévoilement de la programmation d'automne de Radio-Canada, organisée lundi matin. Les discussions finales entre les deux parties ayant mené au constat du «malentendu» auraient eu lieu après ce gazouillis autopromotionnel.

Mobilisation sociale pour Languirand

Les médias sociaux servent aussi à la défense de l'animateur suspendu. La page Facebook «Appui inconditionnel à Jacques Languirand» mise en place mardi cumulait déjà plus de 6000 adeptes hier soir. Une autre, baptisée «Pour le retour de M. Languirand à RC», compte une centaine de «suiveux». Les murs de ces pages regorgent de commentaires favorables à l'animateur qui devait entamer sa 41e saison de l'émission Par 4 chemins le 27 août.

Seulement, lundi midi, après la même conférence de presse de dévoilement de la saison d'automne de la Première Chaîne, le jeune octogénaire a vivement reproché à l'équipe des communications du média de ne pas l'avoir inclus dans la présentation publique. Devant les patrons, les artisans et les autres vedettes de la chaîne, il a traité les responsables de la promotion d'«imbéciles» et de «trouducs» en plus d'agiter un doigt d'honneur.

La nouvelle haute direction de la radio, en place depuis moins d'un an, n'a pas réagi sur le coup. La décision de suspendre le contrat de l'animateur-insulteur a été annoncée par communiqué le lendemain. L'entrée en ondes de son émission du samedi soir est donc reportée «jusqu'à ce que l'étude du dossier se rapportant aux événements survenus soit complétée».

La nouvelle de la suspension a aussi suscité des commentaires très largement favorables à l'animateur sur le site radio-canada.ca. «Peu importe le dérapage de M. Languirand, ses loyaux services au long des années représentent une montagne à côté de cet infime incident», a écrit hier Jean Rivet, de Granby.

Le chroniqueur Michel Dumais a au contraire défendu la suspension dans cette «affaire». «Qu'on me lâche les baskets avec la liberté de parole, a-t-il écrit dans une chronique relayée par le site de l'observatoire des médias projetj.ca. Jacques Languirand a justement, ce jour-là, choisi d'exercer sa liberté de parole. Il doit maintenant assumer les responsabilités de cette liberté. Ce n'est pas vrai qu'on peut dire n'importe quoi, de n'importe quelle façon. Placez-vous dans la peau d'un patron, auriez-vous cautionné cette sortie?»

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