Le Devoir ciblé par des pirates informatiques: Jean Charest réagit

Un texte annonçant faussement le décès du premier ministre Jean Charest a fait la une du site internet du Devoir pendant quelques heures, dans la nuit de mardi, après un piratage informatique. Le premier ministre Charest a pris avec humour la fausse nouvelle de son décès. Il en a profité pour remercier la direction du journal d’avoir réagi rapidement pour la démentir.
«Ces choses-là sont toujours étonnantes, mais je dois dire que le journal Le Devoir a réagi très promptement et je les remercie», a poursuivi le premier ministre en soulignant que ça pouvait «arriver à tout le monde».
Tout sourire, il a ajouté que «ce n’était pas la première fois» que le journal Le Devoir proclamait sa mort au sens politique «sauf que c’est la première fois qu’il l’aborde sous cet angle-là».
M. Charest a répété qu’il allait très bien et que sa famille n’avait pas été trop inquiétée par l’incident. «C’est moi qui l’a appris à mon épouse et elle a corroboré», a-t-il dit à propos de la nouvelle concernant le fait qu’il était en pleine forme. «Ni mon fils ni mon épouse n’ont été alarmés.»
Le bureau du premier ministre a reçu «plusieurs appels» durant la nuit à ce propos. «Évidemment, il y a des gens qui ont appelé, qui sont sur Internet à cette heure-là. La nouvelle s’est répandue et la téléphoniste était assez inquiète», a-t-il dit avant d’ajouter que «ça aurait pu prendre une autre tangente» et «causer des problèmes» ce qui n’a pas été le cas heureusement.
Vers 3 h 30 mardi matin, Le Devoir a démenti la nouvelle, après avoir peiné à reprendre le contrôle du site. Josée Boileau, rédactrice en chef du Devoir, a expliqué que l’accès avait été suspendu, probablement par le pirate. «On n’arrivait pas à avoir accès à notre site pour changer la nouvelle. Ça s’est débloqué vers 3h30 ou 4h du matin», a-t-elle précisé. Le Devoir a porté plainte à la police.
Les réseaux sociaux s'emparent de la nouvelle
Entretemps, et même en pleine nuit, les réseaux sociaux se sont emparés de la nouvelle. Les internautes, souvent incrédules, ont relayé l’information, immédiatement démentie par au moins un journaliste du service politique du quotidien. «Elle avait déjà été amplement reprise, a relaté la patronne de la rédaction du Devoir. Ça va tellement vite maintenant avec les médias sociaux et tous les sites Internet. Il fallait aussi penser à bloquer la nouvelle de ce côté-là.»
Mme Boileau a affirmé qu’il s’agissait sans aucun doute d’une attaque externe, ne pouvant croire qu’un employé du quotidien ait piraté son site. «On ne voit absolument pas un de nos employés faire ça. Pour le moment, c’est un scénario qu’on n’envisage pas», a-t-elle expliqué. «On essaie de voir à l’interne et il n’y a rien qui pourrait nous laisser croire que ce soit un employé du Devoir qui a fait ça. Le climat de travail est très bon présentement, on n’est pas dans des tensions.»
Mme Boileau a indiqué que l’équipe en charge de la gestion du site internet tente actuellement de faire la lumière sur l’attaque. «Nos programmeurs sont en train d’essayer de remonter la filière pour tirer ça au clair», a-t-elle ajouté.
Le site internet du Devoir ne connaissait aucun problème de sécurité et jusqu’à hier, Mme Boileau le considérait comme bien protégé. Mais «en pratique», les choses sont visiblement bien différentes, a-t-elle admis.
La rédactrice en chef a offert ses excuses au premier ministre ainsi qu’aux lecteurs du quotidien. Croit-elle que la crédibilité du journal en souffrira? «On a quand même 101 ans de crédibilité derrière nous, donc j’ose penser que ce n’est qu’une mauvaise journée à passer», espère-t-elle. «Mais c’est une très mauvaise journée.»