Médias - L'alliance d'affaires entre Quebecor et Rue Frontenac demeure possible

L'entente de principe est entérinée par les deux parties en conflit au Journal de Montréal. La négociation du protocole de retour au travail se poursuit. Le syndicat veut cependant que la négociation d'un éventuel partenariat d'affaires entre Rue Frontenac et Quebecor se règle après coup.

La proposition de faire de Rue Frontenac un partenaire de Quebecor demeure en suspens. L'idée relayée par le médiateur a été retirée de la proposition de règlement adoptée le 28 février en assemblée générale syndicale.

Le syndicat affirme maintenant que, quant à lui, le sort du média ne se jouera pas dans le cadre du protocole de retour au travail, toujours en négociation. Pour la suite, les options restent ouvertes, y compris celles concernant les services d'impression et de distribution par Quebecor, avec escomptes.

«Nous avons demandé le retrait de ces clauses parce qu'il est tout à fait inacceptable que Quebecor pose des conditions à la survie de Rue Frontenac», dit en entrevue au Devoir Richard Bousquet, vice-président du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal et coordonnateur du média syndical. «La question des services éventuels ne doit pas plus faire partie du protocole de retour au travail. On veut, dans le fond, que l'équipe de Rue Frontenac, quand il y aura un projet de média indépendant, puisse décider du sort de l'offre de Quebecor. On veut qu'elle ait les coudées franches pour l'accepter ou la refuser.»

Bref, rien n'est joué. D'autant plus que les négociateurs de la partie patronale pourraient chercher à lier le sort du média syndical au protocole.

En négociations, au cours des derniers mois, Quebecor a maintenu certaines conditions de règlement impliquant le site et l'hebdomadaire Rue Frontenac, par exemple l'interdiction future de vendre le média bicéphale, de lancer un quotidien ou d'y faire référence aux «ex-employés» du Journal de Montréal (JdeM). Dans sa proposition de règlement, le médiateur gouvernemental maintenait la poursuite des activités de Rue Frontenac en ajoutant des crédits d'impression et de distribution de 4000 $ par semaine par Quebecor. Cette recommandation a été rejetée par l'assemblée.

Le moyen de pression médiatique appartient toujours au syndicat. Après le conflit, il devra se trouver un nouveau propriétaire. Une des options envisage la formation d'une coopérative de presse en partie capitalisée par les indemnités de cessation d'emploi des ex-employés du JdeM.

M. Bousquet voit d'ailleurs d'un bon oeil pragmatique la volonté de Quebecor de faire affaire avec Rue Frontenac. «Le fait que Quebecor soit prête à offrir des services à Rue Frontenac demeure un point positif, dit-il. Beaucoup d'annonceurs et d'agences de publicité nous disent ne pas pouvoir annoncer dans Rue Frontenac pour ne pas déplaire à Quebecor. Nous pouvons donc leur dire de cesser d'être frileux puisque Quebecor n'est pas opposée à notre média. La preuve: la compagnie est même prête à nous offrir des services.»

Les tractations intersyndicales se poursuivent pour ce volet médiatique. Par ailleurs, avant-hier, des syndiqués participaient à une rencontre d'information et de discussion des modalités de répartition de l'enveloppe de quelque 20 millions de dollars réservée aux indemnités de départ. L'entente prévoit le versement de quatre semaines de salaire par année de travail, avec un seuil minimum d'une demi-année de salaire.

Au total, le nouveau Journal de Montréal conservera une soixantaine d'employés. Ils étaient environ 250 au déclenchement du lockout en janvier 2009. Une trentaine ont déjà quitté le syndicat.

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