Le rapport Payette sur l'avenir de l'information suscite de nombreuses réactions favorables

L’équipe de chercheuses, dirigée par la professeure Dominique Payette (notre photo), a travaillé pendant plus d’un an et divulgué officiellement son document hier matin, à Montréal.
Photo: - Le Devoir L’équipe de chercheuses, dirigée par la professeure Dominique Payette (notre photo), a travaillé pendant plus d’un an et divulgué officiellement son document hier matin, à Montréal.

Les réactions favorables au rapport L'information au Québec: un intérêt public se multiplient. Reste à voir comment réagiront à leur tour les patrons dont les entreprises seraient directement touchées par plusieurs des recommandations.

La ministre de la Culture et des Communications du Québec, qui a commandé le rapport Payette, dit l'avoir reçu avec «beaucoup d'intérêt». Le Conseil de presse du Québec (CPQ) l'accueille de même «avec grand intérêt». La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) y voit «une occasion à saisir». L'Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) «appuie le rapport favorablement». La Fédération nationale des communications (FNC) soutient «sans réserve» ce qu'elle décrit comme «une proposition tissée serrée».

Bref, les réactions à la publication du rapport du Groupe de travail sur le journalisme et l'avenir de l'information au Québec se suivent et se ressemblent. L'équipe de chercheuses, dirigée par la professeure Dominique Payette de l'Université Laval, a travaillé pendant plus d'un an et divulgué officiellement son document hier matin, à Montréal. Comme le détaillait Le Devoir hier, le rapport intitulé L'information au Québec: un intérêt public comprend 51 recommandations pour réformer le monde des médias en crise.

«Mme Payette a des propositions réalistes et terre-à-terre qui semblent très intéressantes, commente en entrevue téléphonique la ministre de la Culture, Christine St-Pierre. Mais bon, il y a une cinquantaine de recommandations et il faudra les examiner une à une et dégager des priorités. On va aussi voir comment ça réagit au rapport en général parce qu'il faut tenir compte des forces vives du milieu.»

Le Parti québécois a invité hier la ministre à «bouger rapidement afin de s'assurer que le rapport Payette ne prenne pas le chemin des tablettes». Le dernier document du genre, proposé par une autre universitaire, en 2003, a vite été jeté aux oubliettes.

Le CPQ se réjouit particulièrement du rôle amélioré que lui réserve le nouveau document dans ses plans. Le rapport propose d'augmenter le financement du Conseil et de le charger de reconnaître les entreprises de presse qui devraient en retour se soumettre à ses règles. L'obtention de certains avantages sonnants (dont les publicités gouvernementales) accompagnerait cette accréditation.

La FPJQ se sent directement interpellée par la constitution d'un nouveau statut de journaliste professionnel, pierre angulaire du projet de réforme du système médiatique québécois. Il ne s'agit pas d'un ordre professionnel, mais d'un statut particulier, avec ses obligations de respecter un code de déontologie. «La Fédération consultera prochainement ses membres sur ce sujet», promet Brian Myles, président de la FPJQ et collègue du Devoir.

La FNC, le plus grand regroupement de syndicats des médias du Québec, avoue redouter «certains effets pervers» que pourrait engendrer ce statut professionnel, mais se dit prête à collaborer à relever ce défi.

Les plus importants consortiums médiatiques du Québec n'ont pas encore réagi. Les porte-parole de Quebecor et du Groupe Gesca ont tout simplement répondu aux demandes d'entrevues du Devoir qu'ils préféraient «prendre connaissance» du texte (Gesca) et «analyser en profondeur sa teneur» (Quebecor) avant de le commenter publiquement.

Certaines recommandations les touchent directement. Par exemple l'obligation de s'inscrire et de participer au Conseil de presse, le tribunal d'honneur boudé par les médias de Quebecor. Ou bien l'idée de négocier des contrats types avec les pigistes, une option qui plaît particulièrement à l'AJIQ dont beaucoup de membres subissent des conditions de travail figées depuis des décennies.

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