L'entrevue dure depuis quelque 26 minutes quand la Québécoise Louise Fréchette, ex-numéro deux de l'ONU, parle de la «responsabilité de protéger», un nouveau principe d'origine canadienne. «Quand un État ne peut pas ou ne peut pas protéger sa population, ce principe suggère qu'il y a une responsabilité internationale», explique-t-elle à la première mouture de la nouvelle émission Le 21e de Radio-Canada, qui sera diffusée ce soir à la Première Chaîne (95,1 FM à Montréal). «Son application reste controversée et difficile.»

L'animateur Michel Lacombe lui demande alors «comment ça se passe» dans les coulisses du pouvoir mondial quand un pays veut imposer une telle expression et s'il s'agit «de la dernière grande action du Canada aux Nations unies». La réponse de Mme Fréchette dure une dizaine de minutes et l'entrevue complète une petite heure. On répète: une heure exceptionnelle en ces temps de clips.

«C'est de l'anti-Twitter», dit à la blague M. Lacombe, en entrevue au Devoir, pour résumer cette nouvelle émission à la formule toute simple consacrée à des personnages remarquables. «On a choisi d'inviter des gens qui marquent le passage du siècle par leurs actions et leurs réflexions. Les invités sont des porteurs de valeurs et de sens.»

Outre Mme Fréchette, qui inaugure la formule du «panorama sur le siècle», Le 21e recevra notamment Louise Otis, ex-juge occupée maintenant par la médiation internationale, l'architecte Dan Hanganu, le banquier Bernard Pouliot, actif à Hong Kong depuis trente ans, et puis Vincent Échavé, médecin humanitaire rattaché à l'Université de Sherbrooke.

Les rencontres en ondes suivent des préentrevues menées par M. Lacombe, qui confie se documenter énormément pour mener l'échange. «Pour les entrevues d'actualité, dans le fond, on a une seule question à répéter et je n'écris rien, explique l'animateur de l'émission Ouvert le samedi, à Radio-Canada. Pour Le 21e, il faut par contre une structure et des questions clairement préparées.»

L'entrevue diffusée le vendredi de 21 à 22h est filmée et elle peut donc aussi être regardée en webtélé sur le site de Radio-Canada. Elle est également proposée en baladodiffusion. Un blogue complète la proposition.

La première sélection d'invités québécois se concentre sur des gens d'action, mais il n'est pas exclu de recevoir des intellectuels. «Le réalisateur Robert Landry et moi, dès le départ, on s'est dit qu'on ne voulait pas s'adresser d'abord et avant tout au milieu intellectuel. On veut que les mille intellos du Québec écoutent ça, mais aussi leurs voisins et leurs cousins.»

En tout cas, cette nouvelle case tranche avec une part beaucoup plus légère, pour ne pas dire superficielle de la programmation à la Première Chaîne. M. Lacombe explique avoir été approché par Alain Saulnier, directeur général de l'information radio, pour mener ce projet.