Le Devoir, c'est moi - Pour comprendre la société québécoise

Faire partie du Devoir, c'est y travailler, l'appuyer, le lire assidûment. De cette communauté, qui s'est construite depuis 100 ans, nous avons retenu quelques portraits, présentés toute l'année jusqu'à la fin de notre centenaire. Notre avant-dernier portrait témoigne de l'attrait que peut exercer Le Devoir pour un nouvel arrivant.
Pour Marcelo Wanderley, s'informer ne se réduit pas à parcourir les journaux gratuits distribués dans le métro: il trouve nécessaire de s'abreuver à plusieurs sources. Pour ce faire, ce Brésilien francophile s'est donc abonné aux versions électroniques des journaux Le Devoir, Le Monde et Le Monde diplomatique et au site Mediapart, ainsi qu'à l'émission de décryptage des médias Arrêt sur images. Et il lit régulièrement sur Internet Libération, The Guardian, Democracy Now et Folha de São Paulo.«Pour s'informer et comprendre un événement, il faut l'explorer sous différents angles. Une opinion se bâtit forcément à partir de points de vue multiples qu'il nous faut ensuite digérer», affirme ce scientifique qui est professeur et chercheur à l'Input Devices and Music Interaction Laboratory de l'École de musique Schulich de l'Université McGill.
Après avoir obtenu une maîtrise en génie électrique à Curitiba, au Brésil, M. Wanderley travaille pendant un an comme ingénieur au Nigeria. Puis, doté d'une bourse d'études offerte par son pays, il part à Paris pour y faire un doctorat en acoustique, traitement de signal et informatique appliqués à la musique (ATIAM) à l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM), fondé par Pierre Boulez. En octobre 2001, il est recruté par McGill.
Marcelo Wanderley s'est abonné à la version électronique du Devoir en novembre 2003. «Établi au Québec depuis deux ans, je voulais mieux comprendre le fonctionnement de la société québécoise. Il m'apparaissait important de mieux connaître le milieu où je vivais et ceux qui y vivent», déclare-t-il, avant d'ajouter qu'il apprécie beaucoup les chroniques de Michel David, qui «replace chaque fait de la politique actuelle dans un contexte historique, faisant référence à des événements d'il y a 20 ou 30 ans qui y sont reliés ou apparentés».
«Pour moi qui ne connaissais pas la politique québécoise, cette manière de présenter les faits me permet de comprendre le fonctionnement sociétal et politique du Québec.»
Ne pas simplifier
Le Devoir semble répondre aux attentes de ce lecteur exigeant, car il y «trouve plus que les faits, mais aussi une mise en contexte du fait relaté qui nous permet d'en connaître l'importance relative et les implications. Quand je lis Le Devoir, j'ai rarement l'impression de lire une dépêche de l'AFP. Les dépêches ne me satisfont pas, car elles n'exposent que des faits ponctuels qui ne m'aident pas à comprendre ce qui se passe. C'est pour cette raison que je ne m'intéresse pas aux journaux gratuits», explique-t-il.
Il souligne son intérêt pour les chroniques de Manon Cornellier et de Chantal Hébert, qui «mettent en évidence les choix de société que reflètent les dépenses engagées par le gouvernement fédéral». Il aime aussi les analyses de politique étrangère signées par Serge Truffaut, car ce dernier «rappelle l'origine du problème et nous montre jusqu'où ce problème pourrait mener». En économie, il salue les éditoriaux de Jean-Robert Sansfaçon, qui «nous fait voir aussi l'envers de la médaille et qui n'a pas peur de remettre en question les idées reçues».
Marcelo Wanderley apprécie de ne pas sentir chez les reporters du Devoir «ce besoin de simplifier l'information» qui l'horripile tant à la télé et dans d'autres médias. «Le Devoir se permet d'aller en profondeur, et pourtant je n'y ai jamais rien trouvé d'incompréhensible. Je ne voudrais pas que Le Devoir devienne Paris Match, ou soit aussi facile à lire que La Presse. S'informer implique nécessairement un petit effort», avoue-t-il.
Deux fois plutôt qu'une!
Il admire aussi Le Devoir parce qu'il conserve son indépendance. «Un journal dont le seul gagne-pain est l'information a tout intérêt à rechercher l'excellence, tandis qu'un journal qui appartient à un groupe plus large ayant d'autres intérêts sera strictement une entreprise commerciale dont le but premier est de générer des revenus», fait valoir cet abonné qui, en juillet 2007, a souscrit à un deuxième abonnement au Devoir, la version papier cette fois.
«Il est très important que les gens qui cherchent une information de qualité et qui croient à l'indépendance de l'information soutiennent Le Devoir, sinon il ne survivra pas car il ne peut compter sur d'autres sources de revenus. Il y a un engagement citoyen à s'abonner au Devoir. Je trouve que l'existence du Devoir est essentielle et pour cela, je suis prêt à faire un petit effort et à m'abonner non pas une fois, mais deux fois! C'est ma façon de soutenir Le Devoir!», lance-t-il.