Le Devoir, c'est moi - Le trait d'union générationnel

Faire partie du Devoir, c'est y travailler, l'appuyer, le lire assidûment. De cette communauté, qui s'est construite depuis 100 ans, nous avons retenu quelques portraits. Chaque lundi, jusqu'à la fin de cette année du centenaire, nous vous présenterons un lecteur, une lectrice, du Québec comme d'ailleurs, abonné récent ou fidèle parmi les fidèles. Dans certains cas, l'attachement relève même de l'héritage, comme on le constate cette semaine.
Remèdes de grands-mères ou bons petits plats d'antan, c'est bien connu, nos aînés sont là pour perpétuer la tradition. C'est aussi vrai pour la lecture du Devoir, qui se transmet de génération en génération dans la famille de Guillaume Gourde-Pinet.Son premier contact avec notre journal, ce jeune homme l'a eu grâce à sa grand-mère paternelle. «Elle me découpait des articles qu'elle trouvait intéressants, car je n'étais pas abonné au Devoir. Mais ma grand-mère, c'était "son" journal», raconte l'étudiant en sciences humaines profil Monde, au cégep Maisonneuve.
Que ce soit sur la politique québécoise ou sur des sujets internationaux, plusieurs reportages titillaient sa curiosité. Mais il fallait mériter le journal désormais centenaire. À son 18e anniversaire, le 1er mars dernier, ce fut la consécration: un abonnement au quotidien offert par son aïeule. «C'est un très beau cadeau dont je profite maintenant tous les jours», se réjouit-il en avouant avoir moins le temps de découper que sa grand-mère!
Car le cégépien est rédacteur en chef du Trait d'union, le journal étudiant du Collège de Maisonneuve qui a plusieurs points en commun avec Le Devoir, à commencer par l'âge. Fondé en 1938 — soit 28 ans après le quotidien d'Henri Bourassa —, c'est le plus vieux journal étudiant francophone en Amérique du Nord encore publié, souligne fièrement le jeune rédacteur en chef, qui a d'abord fait ses classes comme chef de pupitre «monde et société».
Au goût du jour
Tout comme Le Devoir, Le Trait d'union a connu plusieurs courants, de plus conservateur à contestataire durant la Révolution tranquille. Depuis l'an dernier, Guillaume et ses camarades ont entrepris de réformer leur mensuel pour se rapprocher davantage des préoccupations des étudiants et inciter le lectorat à prendre le virage vert.
Mais, contrairement au Devoir, le roulement du personnel est important. «Je dois constamment recruter. L'année dernière, je me suis refait une nouvelle équipe presque à zéro. J'ai recruté des étudiants journalistes qui aimaient la politique», explique Guillaume Gourde-Pinet qui souhaite hausser la teneur politique du journal. Il reconnaît d'ailleurs l'expertise du Devoir en la matière. «Pour écrire sur la politique canadienne ou québécoise, j'aime m'inspirer du Devoir. Il m'aide quand vient le temps de trouver des sujets.»
À l'ère du Web 2.0, de l'instantanéité et de la culture du moindre effort, est-il mal vu de lire son Devoir version papier dans les murs d'un cégep? «Au secondaire, on aurait été perçus comme des nerds, mais au cégep, lire Le Devoir c'est un signe de haute qualité», constate le jeune homme. «Ce n'est pas tout le monde qui le lit, mais je vois des étudiants qui l'ont le matin sur leur bureau. C'est quand même une référence.»