Le Devoir, c'est moi - Le commentateur Web au vélo pliant

Faire partie du Devoir, c'est y travailler, l'appuyer, le lire assidûment. De cette communauté, qui s'est construite depuis 100 ans, nous avons retenu quelques portraits. Chaque lundi, jusqu'en décembre, nous vous présenterons un lecteur, une lectrice, du Québec comme d'ailleurs, abonné récent ou fidèle parmi les fidèles, parmi qui on trouve bien des gens qui aiment aussi en commenter les propos!
Depuis le début de l'année, Le Devoir a reçu, sur son site Web, plus de 60 000 commentaires de lecteurs pressés de donner leur avis sur un article, de féliciter l'auteur d'une chronique ou d'ajouter des informations à un reportage. Parmi eux, Sylvain Auclair, 46 ans, lecteur invétéré du journal papier et abonné depuis une vingtaine d'années. Régulièrement, il commente, sur Internet, les articles de son journal préféré, un moyen, selon lui, de «réagir "à chaud" aux nouvelles publiées».Même si, dans la maison familiale de son enfance, dans le quartier Ahuntsic, à Montréal, on lisait plutôt Le Journal de Montréal que Le Devoir, pour Sylvain Auclair, le 10 janvier a toujours été un jour important. En effet, chaque année, à cette date... il vieillit d'un an! Et cette année, il en a évidemment profité pour souligner le 100e anniversaire du Devoir. «Je lis Le Devoir surtout pour ses articles de fond, ses analyses. J'y trouve l'essentiel, et des articles sur des sujets que les autres journaux ne traitent pas», explique l'ancien enseignant en sociologie au cégep, qui fait aujourd'hui du sous-titrage d'émissions de télévision pour malentendants.
Malgré son métier, Sylvain Auclair a longtemps vécu sans téléviseur. Il n'a ni automobile ni cellulaire et regarde rarement les nouvelles sur son téléviseur sans câble. Le journal et la Toile sont donc ses principales sources d'information. Comme plusieurs autres commentateurs du site du Devoir, ce sont généralement les textes traitant de politique, de sujets sociaux et d'environnement qui attirent son attention et le font réagir.
Déplier son journal...et plier son vélo
Sylvain Auclair aime savoir qu'il lit «le meilleur journal» et roule avec «le meilleur vélo», un Brompton, qui a la particularité de se plier à tous ses désirs! Il s'agit en effet d'un vélo pliant, qu'on peut facilement placer sous la table d'un café ou ranger sous son lit. Pas besoin de cadenas. Sylvain Auclair l'utilise depuis déjà une dizaine d'années et ne l'échangerait pour rien au monde... sauf peut-être contre un vélomobile! Lorsqu'on aborde le sujet de ce tricycle aérodynamique sur lequel on pédale en position allongée, les yeux de Sylvain Auclair s'illuminent et il parle de cette petite merveille comme d'autres parlent de leur voiture ou de leur iPad.
Étonnamment, même s'il se déplace toujours à vélo, Sylvain Auclair dit ne pas vraiment s'intéresser aux sports. «La page consacrée à ce sujet dans Le Devoir me suffit», explique-t-il. Mais l'amoureux de la langue française ne peut résister à la chronique de Jean Dion, dont il savoure chaque semaine les jeux de mots.
L'avenir des journaux
S'il avait son mot à dire, Sylvain Auclair donnerait encore plus de place au partage d'information sur les sites comme celui du Devoir. Il aimerait d'ailleurs que les journalistes répondent plus souvent aux lecteurs qui commentent leurs textes. Il s'oppose toutefois à la nouvelle vague de journalisme citoyen qui, grossie par les réseaux sociaux et l'accessibilité à l'information instantanée, continue de prendre de l'ampleur. «Les journalistes ont une façon d'expliquer la nouvelle, d'aller chercher ce qui est important. On leur fait confiance et on peut avoir confiance en l'information qu'ils nous transmettent.» Ce qui n'est pas le cas pour toutes les nouvelles que l'on peut trouver sur la Toile, croit-il.
Au sujet de l'avenir des journaux imprimés, Sylvain Auclair n'est pas très optimiste. «Peut-être qu'il n'y en aura plus. Peut-être que nous pourrons choisir nous-mêmes les nouvelles qui nous intéressent et constituer notre propre journal...» Le Devoir fêtera-t-il son bicentenaire? Le journal virtuel prendra-t-il le dessus sur le journal papier? Difficile à dire, mais on pourrait certainement en discuter longtemps... sur Internet.