RueFrontenac en papier
Les lockoutés du Journal de Montréal (JdeM) préparent le lancement d'un hebdomadaire imprimé. Le nouveau tabloïd devrait paraître cet automne.
Selon les plans obtenus par Le Devoir, le journal concocté par l'équipe du site Internet RueFrontenac.com comptera 48 pages et tirera à plus de 50 000 exemplaires. Il sera distribué gratuitement le jeudi dans la grande région métropolitaine, «de Saint-Jérôme à Saint-Jean», à la fois en kiosques et aux stations du métro.«On n'y retrouvera pas le même contenu que sur le site Web, précise Richard Bousquet, vice-président du syndicat des travailleurs de l'information du JdeM, désigné porte-parole des lockoutés sur ce sujet. Le site propose de l'information quotidienne, d'abord de la nouvelle, mais aussi de la chronique et de la critique. Un hebdomadaire appelle un autre contenu, plus reportage, contenu, analyse, chronique et critique.»
Parution fin octobre
La nature fine et précise du nouvel organe sera précisée dans les prochaines semaines. «Nous continuons les discussions pour déterminer la ligne et la couleur de cette version papier, ajoute M. Bousquet. [...] On vise fin octobre pour la première parution. Nous n'avons pas de date plus précise. Nous sommes encore dans l'organisation entourant tout ça.»
RueFrontenac.com est alimenté et administré par les 253 employés en lockout du Journal de Montréal. Le conflit dure depuis plus de 18 mois, un record dans le secteur des communications au pays. Le médiateur spécial nommé il y a quelques semaines par le gouvernement du Québec poursuit ses travaux pour tenter de rapprocher les parties, qui respectent un huis clos étanche quant à cette démarche.
Moyens de pression
La proposition de se lancer dans l'édition papier a été discutée cette semaine lors d'une assemblée des syndiqués. Il y était plus largement question de l'évolution prochaine des moyens de pression.
La plateforme Web a déjà publié un cahier spécial sur le Canadien de Montréal. La production régulière d'un journal sur le bon vieux support papier nécessite des moyens autrement plus vastes, notamment pour l'impression et la distribution du produit. «C'est un investissement beaucoup plus important, commente encore M. Bousquet. On voulait que RueFrontenac.com soit solide et bien implanté avant de se lancer dans une phase deux.»
Par contre, le porte-parole syndical rejette l'idée voulant que ce produit dérivé soit développé pour tenter de trouver de nouvelles sources de revenus alors que le conflit de travail perdure. La planification sur des mois d'un projet majeur comme celui-là pourrait aussi alimenter l'impression selon laquelle les syndiqués se préparent à un long enlisement. «Nous avons toujours un huis clos sur les négociations», dit alors laconiquement Richard Bousquet.