Le Devoir, c'est moi - Pour le changement!

Faire partie du Devoir, c'est y travailler, l'appuyer, le lire assidûment. De cette communauté, qui s'est construite depuis 100 ans, nous avons retenu quelques portraits. Chaque lundi, jusqu'en décembre, nous vous présenterons un lecteur, une lectrice, du Québec comme d'ailleurs, abonné récent ou fidèle d'entre les fidèles. Et qui parfois en font une affaire de revendication!
La plupart du temps, ce sont les habitudes familiales qui déterminent avec quel bout de papier on se salit les doigts le matin, ou sur quel quotidien on fait son rond de café. Au domicile des McEwen, par contre, l'histoire s'est déroulée un peu différemment.Chez Jérémie McEwen, ce sont la Gazette et le Globe and Mail que sa mère déposait chaque samedi matin sur la table de la cuisine. Même si son père est montréalais, c'est la chef de famille, une anglophone née en Saskatchewan, qui avait le dernier mot. Mais à 15 ans, déjà forte tête, l'adolescent veut du nouveau.
«Il a fallu que le kid se manifeste un peu pour qu'il y ait des changements!, se souvient le jeune homme de 29 ans. Je me souviens d'avoir dit: "Je suis tanné de lire la Gazette, y'a rien là-dedans, pis le Globe, c'est un point de vue de Toronto." Et je voulais que mes parents achètent un journal en français. Le premier qui m'est venu en tête, c'était Le Devoir. J'avais, je crois, un préjugé positif, l'impression que ce serait moins du tape-à-l'oeil et que ça irait plus en profondeur.»
En plus d'être animateur bénévole à l'antenne de la radio communautaire CIBL et de collaborer à Bande à Part — la branche émergente de Radio-Canada —, le grand blond partage aujourd'hui son temps entre deux métiers, celui de professeur de philosophie, au cégep Montmorency, et celui de... rapeur, en solo sous le nom de Maître J ou avec son groupe NSD (Nul si découvert). Au fond, le fait de déchiffrer l'allégorie de la caverne ou celui de livrer des textes sur des rythmes saccadés ne sont pas si lointains, puisqu'ils demandent un amour des mots et des idées, et qu'ils sont exécutés devant un public à conquérir.
Même le choix de carrière!
Dans Le Devoir, ce sont d'ailleurs les diverses sections de brassages d'opinion, de réflexion et d'analyse que Jérémie McEwen apprécie particulièrement. «Je mise beaucoup sur les pages Idées, sur Le Devoir de Philo toutes les deux semaines, et les pages Culture aussi, précise-t-il. Dans Le Devoir, tu n'as pas à fouiller pour avoir de la substance, ça va directement à ça. Tu ne vas pas avoir de graphiques en pointes de tarte à trois couleurs, mais tu vas avoir du jus.»
C'est aussi en feuilletant le quotidien de la rue De Bleury que Jérémie McEwen a fait son choix de carrière. «C'était carrément une pub de l'Université de Montréal, qui présentait son nouveau programme de maîtrise avec option en enseignement au collège. Et je me souviens d'avoir lu ça et de m'être dit: "c'est ça que je vais faire dans la vie". C'est niaiseux à dire, mais c'est arrivé comme ça!»
Quelques élèves du cégep Montmorency ont découvert la double vie de Jérémie McEwen. «Il y a des élèves qui le savent, c'est arrivé quelques fois, des: "Monsieur, je vous ai vu sur YouTube!". Ça leur montre que je suis un être humain, et pas juste une machine à faire de la philo!»
Et aujourd'hui chez maman McEwen, qu'est-ce qui tache les doigts le matin? «C'est drôle parce, depuis toutes ces années-là, elle a continué à acheter Le Devoir. Moi, j'ai imposé ça, mais elle a continué de le lire, de l'acheter, elle y a trouvé quelque chose.»