Le Devoir, c'est moi - Lire pour soi avant tout

Orthophoniste, Marie-Ève Dubé trouve de l’inspiration pour son travail dans le cahier Livres du Devoir. Mais sa lecture des cahiers culturels du samedi, c’est pour elle avant tout.
Photo: Yan Doublet - Le Devoir Orthophoniste, Marie-Ève Dubé trouve de l’inspiration pour son travail dans le cahier Livres du Devoir. Mais sa lecture des cahiers culturels du samedi, c’est pour elle avant tout.

Faire partie du Devoir, c'est y travailler, l'appuyer, le lire assidûment. De cette communauté, qui s'est construite depuis 100 ans, nous avons retenu quelques portraits. Chaque lundi, jusqu'en décembre, nous vous présenterons un lecteur, une lectrice, du Québec comme d'ailleurs, abonné récent ou fidèle d'entre les fidèles. Des gens pour qui, comme notre lectrice, le journal est aussi la gâterie du samedi.

Québec — Marie-Ève Dubé, une jeune résidante de Québec de 26 ans, lit assidûment deux journaux le samedi matin: Le Devoir et L'Écho de la Baie, un hebdomadaire local de la Baie des Chaleurs. Une façon pour cette jeune femme de rester près de ses racines comme des grands débats qui animent notre société.

Rencontrée dans un café du quartier Montcalm où elle habite, Marie-Ève rit quand on lui fait remarquer qu'elle est probablement la seule fille de Québec à être abonnée à L'Écho de la Baie. Mais comme dit l'adage: si on peut sortir la fille de la Baie, on ne peut pas sortir la Baie de la fille... «C'est un cadeau que ma famille m'a fait. Je le reçois 24 heures trop tard, mais ça fait deux ans que je suis abonnée et je n'ai pas raté un seul numéro! Ça me permet d'être à jour sur ce qui se passe là-bas, d'avoir les nouvelles du coin.»

Native de New Richmond, Marie-Ève Dubé n'avait que 16 ans quand elle a quitté sa ville pour venir étudier à Québec. «Ç'a été très dur au début», se rappelle-t-elle. De ses études en lettres au cégep a suivi un virage inattendu vers la discipline la plus littéraire du secteur de la santé: l'orthophonie. Son travail: aider les gens qui ont des troubles d'apprentissage ou d'autres handicaps à lire et à communiquer plus facilement.

«J'essaie souvent de leur recommander des livres quand c'est possible. Pour moi, la littérature est un outil.» Et le cahier Livres du Devoir peut à cet égard servir. «Quand ils sont arrivés à un certain niveau, on peut regarder le journal ensemble, choisir des articles, faire des exercices.»

Mais, insiste-t-elle, la lecture du Devoir du samedi, c'est d'abord pour elle. Les études en littérature ont beau être loin derrière, quand la semaine de travail est terminée, Marie-Ève Dubé compte sur les cahiers culturels du Devoir pour lui fournir sa ration de lettres hebdomadaire. Romans, poésie, BD... «Ça me permet de valider mes choix de lecture et les livres que je vais acheter. Je reconnais dans la description ce qui me ressemble et ce qui peut me plaire et, jusqu'à présent, je ne me suis jamais trompée.» Cette fin de semaine, par exemple, son attention s'était portée sur des BD inspirées par la vie de Nietzsche et celle de Camus.

Les grands dossiers comme celui du 1er mai sur l'anticapitalisme retiennent aussi son attention. «J'ai une culture de base, mais je veux l'approfondir.» Et puis, «c'est sûr que mon côté fille aime bien Josée Blanchette!», lance-t-elle en riant. Les questionnements plus fondamentaux du «Devoir de philo» comblent enfin un besoin, qu'il s'agisse de justice, d'égalité ou d'enjeux éthiques. «Ça me permet de me questionner sur ma pratique au quotidien.»

Quand on lui demande ce qu'elle pense de la version en ligne, elle soupire. «J'ai essayé de faire le saut et je n'ai pas été capable.» Elle aime le papier, le rituel, dans le confort de sa cuisine, le plus loin possible de l'ordinateur. Ne serait-ce que pour pouvoir «lancer les cahiers par terre» et «voir la pile traîner là toute la journée».

«Je ne peux pas croire que je sois la seule à préférer le papier. C'est comme pour le livre, on ne va pas tous finir par lire à l'ordinateur! Le livre, on peut le mettre dans une bibliothèque, on peut le prêter.» Et d'ajouter que lire le journal à deux, à l'ordinateur, ce n'est pas évident...

Le tactile


Étonnamment, ses patients, eux, sont beaucoup plus à l'aise avec ce mode de lecture. «Les écrans tactiles leur permettent de choisir des images pour s'exprimer, par exemple», dit-elle. Dans le cas de l'iPod Touch, elle parle même d'une révolution. «On peut mettre des trajets dans l'iPod, ce qui fait qu'ils n'ont plus besoin d'être accompagnés pour se rendre quelque part. La machine leur signale où s'arrêter, où tourner à droite, etc.»

Les autistes, ajoute-t-elle, sont particulièrement à l'aise avec les machines. «Ce sont des gens qui ont besoin de concret. Pour eux, le langage, c'est très abstrait. Alors que devant l'ordinateur, il y a des images. Ils adorent ça et ça les aide beaucoup. Je connais des autistes qui ne connaissent pas le langage, mais qui sont capables de trouver ce qu'ils aiment sur YouTube!»

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