Le Devoir, c'est moi - Une oasis virtuelle dans le désert qatari

André Gagnon travaille depuis bientôt deux ans au Qatar.
Photo: André Gagnon André Gagnon travaille depuis bientôt deux ans au Qatar.

Faire partie du Devoir, c'est y travailler, l'appuyer, le lire assidûment. De cette communauté, qui s'est construite depuis 100 ans, nous avons retenu quelques portraits. Chaque lundi, jusqu'en décembre, nous vous présenterons un lecteur, une lectrice, du Québec comme d'ailleurs, abonné récent ou fidèle d'entre les fidèles. Et le lieu où on nous lit est parfois bien exotique, comme le prouve notre lecteur de la semaine!

Le pays était aux prises avec une exceptionnelle vague de froid lorsque André Gagnon, lointain lecteur du Devoir, nous a parlé un peu de lui et de sa famille.

«Il a fait à peine 22 degrés aujourd'hui. La moyenne en plein coeur de l'hiver tourne plutôt aux alentours de 27 ou 30. C'est très agréable. L'été, au contraire, est dégueulasse. Il fait 50 degrés, parfois plus, le taux d'humidité est au maximum et on ne voit pas le ciel à cause du sable en suspension dans l'air.»

Horaire chargé

André Gagnon est ingénieur chez SNC-Lavalin et travaille depuis bientôt deux ans sur un immense projet de construction d'une aluminerie au Qatar, dans le golfe Persique. «C'est un projet comme il ne s'en présente pas souvent dans une carrière», dit-il du chantier de 5,6 milliards de dollars, dont 1,6 milliard relève directement de la firme d'ingénierie montréalaise. «C'est très gros, les échéanciers sont très serrés et les clients sont très exigeants.»

Pas étonnant que l'horaire de travail soit aussi très chargé pour celui qui parcourt, matin et soir, les 50 kilomètres qui séparent sa maison, à Doha, et le chantier, à Mesaieed. «C'est six jours sur sept, et 60 heures de travail par semaine, minimum. Je pars tôt le matin, et quand je reviens le soir, je suis brûlé et je me couche», raconte en riant l'homme de 43 ans.

«C'est encore pire maintenant, parce que l'on arrive à la fin de notre projet et que je suis sur appel 24 heures sur 24. Il va falloir que ça achève parce que l'on n'y survivra pas.»

Outre le défi professionnel, il dit apprécier le confort de la villa, de la voiture et des congés d'impôt auxquels donne droit la fonction. Sa femme, Christine, a mis sur la glace sa carrière en informatique depuis leur première et seule autre expérience du genre qu'ils ont vécue dans l'émirat arabe d'Abou Dhabi, en 2001-2002. C'est elle qui s'occupe entre autres de leur fils Laurence (14 ans) et de leurs filles Fanny (11 ans) et Romane (3 ans et demi) à leur retour de l'école française en début d'après-midi.

Pays sécuritaire

«Les pays du Golfe sont très sécuritaires pour les familles, dit André Gagnon. On y tolère la consommation d'alcool par les étrangers et les femmes n'ont pas à porter le voile. On peut aller visiter plus facilement des pays comme la Turquie et l'Égypte, qui sont tout près. Pour les enfants, c'est une expérience unique.»

Les principales activités de loisir sont les excursions en 4X4 dans le désert et le magasinage. On se retrouve souvent aussi entre étrangers. «Il y a des gens de partout ici. En bas de l'échelle sociale, on trouve des Pakistanais, des Indiens et des Philippins. Viennent ensuite les Occidentaux. Les Qataris, eux, nous tolèrent, mais ne se mêlent pas à nous. Dans la rue, les gens ne disent pas bonjour et ne se sourient pas», regrette l'ingénieur qui habite normalement Laval, mais qui a grandi à Matane.

Par la force des choses, on passe plus de temps en famille à la maison. Grâce à la technologie, on peut aussi appeler gratuitement au Québec, écouter ses émissions de radio et de télé préférées, et même recevoir son Devoir en version électronique chaque matin.

«J'ai commencé à lire Le Devoir il y a une quinzaine d'années et je suis passé à l'abonnement PDF quand on est parti au Qatar. C'est un journal qui en couvre large, qui suit bien les tendances et qui les transforme même. Je parie qu'on est plusieurs à vous lire à l'étranger.»

Mais la vie d'expatriés n'est pas toujours facile. «Plus les enfants vieillissent, plus ils s'emmerdent, constate leur père. Ça se passe encore plutôt bien, mais ma femme y est pour beaucoup.»

André Gagnon aime bien, malgré tout, cette expérience qui doit prendre fin ce printemps. Il rêverait de repartir ensuite en Europe ou en Amérique latine, mais dit s'attendre à ce que ses grands ne veuillent plus bouger une fois revenus à Laval. «Je pense que c'est la dernière expérience du genre que l'on fait en famille. Pour la prochaine fois, il faudra attendre qu'ils soient plus vieux et le faire sans eux... C'est la vie. Et puis, on en a bien profité.»

À voir en vidéo