Le Devoir, c'est moi - S'initier à l'actualité par la lorgnette du Devoir

Faire partie du Devoir, c'est y travailler, l'appuyer, le lire assidûment. De cette communauté, qui s'est construite depuis 100 ans, nous avons retenu quelques portraits. Chaque lundi, jusqu'en décembre, nous vous présenterons un lecteur, une lectrice, du Québec comme d'ailleurs, abonné récent ou fidèle d'entre les fidèles. Notre choix de cette semaine est une femme qui contribue depuis 20 ans à notre promotion et à qui nous devons bien des fidèles!
Lors de leur premier cours dans la classe d'Actualité internationale de Katia Riverin, les nouveaux étudiants du programme d'Art et technologie des médias au cégep de Jonquière appréhendent déjà leur lecture obligatoire. Dans les couloirs, la rumeur circule depuis longtemps; le cours d'Actu, il est costaud. Car désormais, dans leur routine matinale, les jeunes devront trouver du temps pour lire Le Devoir.«Les [étudiants de] première année en sont à leur première session d'actualité ces jours-ci et ils sont catastrophés!», confie en riant l'enseignante qui impose une telle tâche.
Elle s'en amuse, car, depuis plus de vingt ans, c'est la même rengaine. Tous les aspirants journalistes, animateurs de radio et publicitaires qui transitent par ce programme technique formant les communicateurs de demain se retrouvent devant elle. Un passage obligé pour les 110 étudiants de chaque cohorte, et une bénédiction pour les camelots bienheureux, qui ne manquent pas de travail autour de la cité cégépienne.
C'est Le Devoir qui dicte la matière du cours d'Actualité de Mme Riverin, un journal qu'elle qualifie de modèle pour ses étudiants «pour son indépendance et sa rigueur». «Si le journal ne parle pas d'un problème, c'est comme s'il n'avait jamais existé, puisque je ne peux pas l'expliquer.» Si, il y a près de dix ans, l'enseignante native du Saguenay expliquait à ses jeunes de 17 ans le problème israélo-palestinien avec l'ascension d'Ariel Sharon au pouvoir, le sujet est toujours au programme de son cours. Tout comme l'Irak et l'Afghanistan, qui reviennent souvent aussi, dit-elle.
«On dit que les jeunes ne sont pas politisés, mais quand on leur explique le fil des événements et les problèmes, ils se mettent à s'y intéresser et deviennent dynamiques et engagés», a-t-elle pu constater. Entre le début et la fin de la session, elle voit déjà s'affiner leur pensée critique.
S'ils lèvent les yeux au ciel devant l'ampleur de la tâche, avec ce quotidien qui n'est surtout pas avare de mots, c'est qu'au début, une foule d'éléments de l'actualité leur échappent. «Et c'est mon objectif de leur expliquer l'événement. Une fois qu'ils l'ont compris, ils sont intéressés à le suivre dans le journal par la suite.»
Pour devenir le communicateur de demain, il faut y mettre l'effort et, avant les examens, c'est en groupe, tard le soir dans les résidences de Jonquière, que les étudiants testent leurs connaissances, les journaux du mois éparpillés sur le sol. Les évaluations de Mme Riverin sont redoutables, et les étudiants qui ne font pas leurs devoirs sont facilement démasqués.
Une histoire de famille
Pour Mme Riverin, intégrer Le Devoir dans ses classes était tout naturel. Il fait partie de la famille depuis son enfance, où elle voyait déjà son père le lire près de la fenêtre, juste avant le souper. Du plus loin qu'elle se souvienne, elle y a toujours été abonnée. «Le Devoir m'a permis d'entrer en communication avec des gens que j'aimais», ajoute-t-elle. Avant qu'elle ne décède, sa mère laissait traîner le journal du samedi sur la table, et elle posait des questions à sa fille sur le contenu, soudant ainsi les deux femmes en diversifiant les sujets de conversation. «C'est pour ça qu'il a été pour moi plus qu'un simple journal.»
Avec ses photos plus grandes et la couleur qui s'est infiltrée davantage dans ses pages cette dernière année, Le Devoir se fait plus accessible pour ses étudiants, férus d'Internet, et donne un coup de pouce à celle qui espère transmettre non seulement sa passion pour l'histoire et l'actualité, mais aussi son amour pour ce quotidien. «Quand nos étudiants partent, on se demande si notre enseignement a donné quelque chose», songe-t-elle, sans savoir chez combien d'entre eux la curiosité aura été attisée par ses cours. «S'il y en a un par classe qui continue à lire Le Devoir, je suis déjà bien heureuse!»