Odélie, une adolescente éprise de presse écrite

Photo: - Le Devoir

Elle vous regarde droit dans les yeux, avec une assurance qu'on aurait aimé avoir à son âge. Grande, blonde, Odélie Joly est déjà, à 14 ans, une jeune femme bien occupée. D'abord, elle fréquente l'école secondaire Marguerite de Lajemmeraie, par ailleurs réservée aux filles, où elle fait sa 3e secondaire. Puis, après les classes, elle s'occupe de la régie des spectacles qui se donnent à son école.

L'an dernier, elle faisait partie d'un groupe d'Amnistie internationale. Et cet hiver, elle a été bénévole pour l'ATSA (Action terroriste socialement responsable), distribuant de la nourriture aux sans-abri.

Odélie Joly est aussi une bonne lectrice du Devoir, qu'elle a commencé à lire très jeune à la maison. Elle a même écrit à la rédaction du journal l'an dernier, alors qu'elle avait seulement 13 ans, pour témoigner de son affection envers le journal.

«Je le lis depuis que je suis toute petite parce que ma mère est abonnée et que mon père l'achète tout le temps. J'ai des parents vraiment politisés [...]» Depuis plus d'un an, Odélie et sa mère ont cessé de lire Le Journal de Montréal pour soutenir les syndiqués du journal en lock-out. «Ma mère travaille à la CSN. C'était normal qu'elle soutienne son propre syndicat.» Odélie a d'ailleurs récemment eu une discussion à ce sujet avec son professeur d'arts plastiques. «J'ai eu pas mal de bons débats avec lui», dit-elle.

Odélie Joly ne craint pas la polémique. «À la maison, je critique quand même pas mal. Souvent, ce sont des critiques assez constructives.» Il lui arrive aussi de rabrouer ses amies qui discutent des derniers rebondissements dans les couples d'Occupation double, alors que des milliers «d'enfants meurent chaque jour d'avoir consommé de l'eau contaminée».

La jeune femme fait mentir les statistiques sur les lecteurs de journaux. Alors que les jeunes de son entourage sont plutôt happés par la télévision, elle aime la presse écrite. «J'aime lire les journaux. C'est comme des romans, mais plus petits. Et en plus ce sont des histoires vraies.» Elle en profite pour faire une fleur au Devoir.

«Je trouve que dans la presse écrite, surtout dans Le Devoir, les sources sont meilleures. Je fais plus confiance à cette information-là que sur Internet. Il y a tellement de choses sur Internet, tellement de choses qui ne sont pas vraies. À la télévision aussi, on peut entrer dans la fiction [...]. Les téléjournaux, je trouve ça lourd, parfois je n'aime pas les angles des reportages. Dans la presse écrite, on choisit les articles qu'on veut, on choisit les choses qu'on veut lire. L'information, surtout dans Le Devoir, est mieux expliquée, plus précise, et donc, probablement, plus vraie.»

Dans son groupe d'Amnistie internationale, où elle est d'ailleurs entrée deux ans plus tôt que les autres jeunes de son âge, Odélie faisait signer des pétitions pour obtenir la libération de prisonniers politiques, notamment celle, au Myanmar, du Prix Nobel de la paix Aung San Kyi.

«On a fait signer des pétitions pour des gens qui étaient [...] en Chine ou en Amérique du Sud. Les filles de mon école viennent d'un peu partout, des fois il y en avait qui venaient des pays où cela se passait et elles se sentaient directement touchées. Elles ne savaient pas nécessairement que ça se passait là-bas parce qu'elles sont parfois des immigrantes de deuxième génération. [...]. Je trouvais que c'était une bonne idée de m'impliquer, parce que j'ai beau critiquer, il faut quand même que je fasse en sorte que ça change.»

Quand on lui demande ce qu'elle veut faire dans la vie, Odélie Joly répond qu'elle a déjà rêvé d'être médecin, en particulier de participer à Médecins sans frontières, mais qu'elle n'est pas sûre d'avoir les notes qu'il faut pour y arriver.

«Je me lancerai peut-être en politique», dit-elle. Qui disait que la relève était absente du Québec?

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