Marie-Christine vous dira tout sur Le Devoir

Comment imaginez-vous un expert ès Devoir? Assez âgé pour avoir serré la main de son fondateur Henri Bourassa et abonné depuis 1945? Professeur d'une université montréalaise, féru de politique et participant assidu de la page Idées? Enseignante de 32 printemps élevant des moutons — et quelques ânes — dans le Bas-Saint-Laurent, entre deux classes de littérature?
Si votre intuition penche du côté de cette dernière combinaison inusitée, vous passez à la prochaine étape!Elle lit Le Devoir depuis l'époque du référendum de 1995, mais Marie-Christine Lalande devra montrer une maîtrise presque parfaite des 100 années d'existence du journal pour gagner la joute à Tous pour un, dimanche soir, sur les ondes de Radio-Canada. L'enseignante à l'Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière, enchantée, surprise et «un peu terrorisée» à la fois, amorçait un ultime blitz d'étude peu avant Noël. Le 10 janvier, jour du 100e anniversaire du quotidien, sa connaissance de la petite et grande histoire du Devoir... passera dans ses annales.
Elle a décidé de se lancer dans l'aventure alors qu'elle conduisait. «J'ai entendu la publicité à la radio... ça m'a tout de suite intéressée.» Marie-Christine avait tenté sa chance l'an dernier, avec un autre de ses sujets de prédilection, la langue française. Mais entre ses deux bambins, l'enseignement et la ferme qu'elle entretient avec son conjoint, le temps avait manqué.
Cet automne, un mal pour un bien: un arrêt de travail pour des raisons de santé la garde au repos quelques semaines. Certains auraient choisi de regarder les DVD de quelques séries américaines ou de se mettre au scrapbooking. Elle se plonge plutôt dans la lecture attentionnée des éditoriaux d'Henri Bourassa, l'étude minutieuse des caricatures de Garnotte dans ses moindres coups de crayon et même, la mémorisation de la météo annoncée sur une cinquantaine de unes depuis 100 ans... «C'est un miracle que j'aie pu étudier, sinon je n'aurais jamais eu le temps de participer!», relate-t-elle, encore surprise d'avoir été sélectionnée sur la soixantaine d'aspirants au titre.
Même si ses parents le lisaient fidèlement, c'est pendant ses années de cégep que Marie-Christine découvre véritablement Le Devoir. Abonnée depuis, sa motivation à se plonger dans un corpus de texte imposant, «ce n'est pas l'argent, c'est sûr! C'est la découverte», confie-t-elle. Avec 10 000 $ au maximum à gagner, Tous pour un attire les passionnés là où d'autres jeux-questionnaires offrent une cagnotte plus substantielle. La redécouverte du passé du Québec, entre autres. «J'ai l'impression d'avoir enfin approfondi mes connaissances de l'histoire du Québec et surtout, du mouvement nationaliste», raconte-t-elle au bout du fil. Les plumes d'André Laurendeau et de Lise Bissonnette ont illuminé ses soirées d'étude, et spécialement, «la période de Duplessis était fascinante à travers les éditoriaux!», s'enthousiasme-t-elle.
Il faut dire qu'avec un mémoire de maîtrise dressant un diaporama de la culture au Québec dans les années 1940, la jeune femme pénétrait sur un terrain pas totalement étranger en explorant les archives du Devoir, dont une sélection à étudier lui a été fournie par l'équipe de Tous pour un.
L'historien Jacques Lacoursière sera pendu à ses lèvres, dimanche. «J'ai hâte de voir comment elle va répondre!», avoue celui qui agira à titre de juge officiel. Il se veut rassurant: toutes les questions demanderont une réponse très précise, «il n'y a pas deux réponses différentes possibles».
Entre 1910 et aujourd'hui, «Le Devoir, ça reste un journal engagé en comparaison des autres, se réjouit la participante. L'indépendance se sent. Le Devoir peut encore être un journal de combat. Par exemple, j'ai vraiment apprécié dernièrement la couverture de la conférence de Copenhague.»
Dimanche soir, elle pourrait avoir besoin des lecteurs du Devoir pour répondre à la dernière et ultime question. Et s'il y avait un appel à tous?