Conflit au Journal de Québec - Quebecor Media a utilisé des scabs, déclare la CRT

À la veille d'un conflit possible au Journal de Montréal, les syndiqués se réjouissaient hier d'une décision de la Commission des relations de travail (CRT), qui a reconnu que Quebecor Media avait utilisé des scabs pendant le conflit au Journal de Québec de l'année dernière.

«Il s'agit d'une décision exceptionnelle, déclare le président du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal, Raynald Leblanc. Mais Quebecor a sûrement un plan B pour publier le Journal de Montréal quand même en cas de conflit.»

Du côté de la direction de Sun Media (filiale de Quebecor), la vice-présidente aux affaires publiques, Isabelle Dessureault, affirme «prendre acte» de la décision de la CRT. «Nous n'avions jamais eu l'intention de contrevenir aux dispositions du Code du travail du Québec», ajoute-t-elle.

Mme Dessureault ne veut pas discuter des scénarios à l'étude en cas de conflit au journal montréalais, estimant que la question est encore «hypothétique».

Sun Media étudie toutefois la possibilité d'une révision judiciaire de la décision de la CRT.

Vendredi dernier, la commissaire Myriam Bédard de la CRT a rendu une décision concernant une plainte déposée plus tôt dans l'année par les syndiqués en lock-out du Journal de Québec. Les syndiqués prétendaient que le Journal de Québec avait été produit en partie par des scabs, des journalistes engagés par des compagnies avec qui le journal avait signé des contrats.

Quebecor s'était adressé à la CRT cet été pour faire valoir que la commission n'avait plus à rendre de décision puisque le conflit au Journal de Québec était terminé.

La commissaire a d'abord statué qu'elle avait le droit de rendre une décision, pour ensuite déclarer que le Journal de Québec en lock-out avait contrevenu au Code du travail, en utilisant des salariés d'autres entreprises pour produire le journal.

Une des entreprises en cause, Nomade, est une agence de presse créée par Sylvain Chamberland, qui engageait des journalistes salariés qui fournissaient par contrat des textes au Journal de Québec pendant le lock-out (une activité qui n'avait jamais eu lieu avant le déclenchement du conflit).

Détail intéressant révélé par la décision: la création d'une telle agence avait été proposée par Pierre Karl Péladeau lui-même, le grand patron de Quebecor, dans le but initial, selon les témoignages recueillis par la CRT, de cesser de faire affaire avec La Presse canadienne, et de doter l'ensemble du groupe Quebecor d'une agence de nouvelles exclusive. Le conflit au Journal de Québec aurait accéléré le processus.

La commission a conclu que les journalistes mis en cause par la plainte faisaient exactement le même travail que les journalistes en lock-out. «Il n'y a eu qu'une simple substitution de travailleurs».

La commission a également précisé la notion d'«établissement de travail». La meilleure façon de déterminer ce qu'est l'établissement, écrit la commissaire, c'est de «comparer le fonctionnement de la rédaction du journal avant et après le début du lock-out: le même travail est-il effectué»?

La décision de la CRT pourrait compliquer la tâche de Quebecor advenant un lock-out au Journal de Montréal en janvier.

Le syndicat du Journal de Montréal tient une conférence de presse ce matin pour faire le point sur les négociations en cours.

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