Télévision - La tradition au chevet de la médecine moderne
«Guérir parfois. Soulager souvent. Écouter toujours.» Voilà l'essence même de la médecine selon le père de la microbiologie, Louis Pasteur. Force est d'admettre que cette vision est régulièrement mise à mal par nos sociétés modernes, qui ne jurent plus que par la technologie et son corollaire obligé, soit les multiples cocktails médicamenteux disponibles sur le marché. Tout aussi imposant soit-il, cet arsenal n'a pas réussi à dompter la maladie, encore moins la vieillesse.
En Chine, 2500 ans avant notre ère, les médecins recherchaient déjà le fragile équilibre qui permettrait aux gens de mettre la maladie en échec. Eux non plus n'y sont pas parvenus. Mais leur quête les a menés à des découvertes fascinantes dont l'Occident commence à peine à mesurer l'étendue. Ce savoir-faire millénaire fait l'objet d'une fascinante trilogie, Aux origines du bien-être, qui commence dimanche à Télé-Québec dans le cadre du magazine spécialisé Pour l'histoire.Produite par Arte, cette trilogie s'amorce avec la médecine traditionnelle chinoise. L'aventure nous fait remonter le fil du temps jusqu'à l'époque de l'empereur Qin Shi Huang (259 à 210 avant J.-C.) qui, par sa quête obstinée de l'immortalité, va forcer un jeune médecin à repousser les limites de son art. Acupuncture, massage, herboristerie, alimentation, plaisirs sensuels... le jeune prodige imposera une discipline de fer à celui qui a unifié l'empire, récoltant des résultats qui feraient rougir bien des médecins modernes.
Malgré ses efforts — qui font en sorte qu'aujourd'hui encore les Chinois vivent en moyenne 10 ans de plus que les peuples qui vivent dans des conditions semblables —, le jeune médecin ne réussira pas à freiner le passage du temps sur le corps mortel de l'empereur. Ce dernier le congédie pour se tourner vers les alchimistes. L'un d'entre eux lui fabrique des perles rouges censées lui donner chacune six ans de vie supplémentaires. Faites de mercure, ces petites perles le tuent sur-le-champ.
De ces magiciens, l'histoire n'a rien retenu sinon leur propre bêtise. Il en va tout autrement du jeune médecin du premier empereur chinois, dont les enseignements sont encore passés au crible par les scientifiques les plus sérieux. À force de côtoyer sa science, des chercheurs ont même réussi à mettre au point un médicament contre le paludisme à base d'une plante que ce dernier utilisait pour soigner les fièvres de l'empereur.
Aujourd'hui, l'armoise annuelle permet de contourner la résistance du parasite aux traitements médicamenteux de pointe. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) en a même fait le médicament de premier choix dans de nombreux pays africains. Mais la plante ne pousse que dans des conditions bien particulières et sa production ne suffit pas à la demande. Des scientifiques travaillent donc à mettre au point une version synthétique de la molécule.
D'autres leçons peuvent être tirées des principes qui régissaient le mode de vie en vogue pendant la Rome antique, des pratiques qui font l'objet du deuxième volet de cette trilogie. Soigneurs et masseurs chargés de la bonne forme des légionnaires sont remis au goût du jour en même temps que la majesté des thermes. La nourriture jouait également un rôle important et la recherche d'un équilibre entre les ingrédients paraît aujourd'hui étonnamment moderne à celui qui les examine avec les yeux du scientifique.
Ce voyage prend fin avec l'Inde et sa médecine ayurvédique. Les premiers éléments s'y rapportant ont été découverts dans l'État du Gujarat, au coeur d'une forteresse datant de 4000 ans avant notre ère. Comme les médecines chinoise et romaine, cette médecine naturelle préconise une approche holistique souvent remise en question par la science. Que vous soyez des adeptes ou pas, cette série a le mérite de jouer la carte de la transparence, le tout abordé avec simplicité et une rigueur historique tout à fait acceptable.
Pour l'histoire - Aux origines du bien-être - Les dimanches 2, 9 et 16 mars 2008 Télé-Québec, 20h.